Tunisie-Italie : les propos du ministre italien de l’Intérieur sur les migrants étonnent à Tunis

Les autorités tunisiennes ont convoqué l’ambassadeur italien en Tunisie lundi 4 juin, à la suite des propos sur les migrants du nouveau ministre de l’Intérieur italien, ancien patron du parti d’extrême droite de la Ligue du Nord.

Matteo Salvini, le nouveau ministre italien de l’Intérieur. © Ettore Ferrari/AP/SIPA

Matteo Salvini, le nouveau ministre italien de l’Intérieur. © Ettore Ferrari/AP/SIPA

Publié le 6 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

« Il y a de plus en plus de migrants clandestins qui arrivent de Tunisie ici. Ce ne sont pas des réfugiés de guerre mais bien souvent des délinquants et ex-détenus. » Cette phrase choc prononcée par Matteo Salvini, le nouveau ministre italien de l’Intérieur, dimanche 3 juin, devant le centre d’enregistrement pour migrants à Palazzo, en Sicile, a suscité l’incompréhension de l’autre côté de la Méditerranée.

Au lendemain du naufrage d’un bateau au large de l’île tunisienne de Kerkennah, causant la mort d’au moins 60 personnes, le ministère des Affaires étrangères tunisien a convoqué l’ambassadeur italien lundi 4 juin. La nomination de Matteo Salvini à l’Intérieur, le 1er juin, augure de relations compliquées entre les deux pays.

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Étonnement et colère à Tunis

« Nous sommes très étonnés par les propos du ministre de l’Intérieur italien concernant la question migratoire », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur sa page Facebook lundi, suite à l’entretien avec l’ambassadeur italien. Le ministère tunisien s’est empressé d’indiquer que « ces propos ne reflètent en aucun cas le niveau de coopération entre les deux pays ».

L’étrange alliance du parti d’extrême droite, la Ligue du Nord, et du populiste Mouvement 5 étoiles, qui se sont installés au pouvoir en Italie, après leur victoire aux législatives du 4 mars, inquiète à Tunis.

Prônant « le changement », et étant opposé aux « diktats » de l’Union européenne, le nouveau gouvernement italien a adopté une ligne dure sur la question migratoire, incarnée par Matteo Salvini, patron de la Ligue du Nord, souvent accusé de « xénophobie ». « Nous ne serons plus le camp migratoire de l’Europe », a-t-il également déclaré lors de sa visite en Sicile.

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Des relations bilatérales en péril ?

Depuis l’accord de 2012, la collaboration entre l’Italie et la Tunisie s’est intensifiée. Rome avait alors conclu un accord concernant la lutte contre l’immigration clandestine et promis une simplification des visas et une plus grande ouverture à l’immigration régulière en échange des efforts de Tunis à lutter contre cela. En novembre dernier encore, Paolo Gentiloni, alors chef du gouvernement italien, soulignait le bon fonctionnement de l’accord devant son homologue tunisien, Youssef Chahed.

Deuxième partenaire commercial de la Tunisie, l’Italie est, avec la Grèce, l’une des principales portes d’arrivée des migrants dans l’Union européenne. D’où le renforcement de la coopération en 2017 : les ministres des Affaires étrangères des deux pays signent un nouvel accord cadre, afin d’accélérer les procédures d’expulsion et de « bloquer les trafiquants d’êtres humains en Méditerranée centrale ».

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Le nouveau gouvernement populiste en Italie pourrait remettre en question la dynamique des relations tuniso-italiennes. Matteo Salvini a d’ores et déjà promis d’augmenter les expulsions, qu’il juge trop lentes et peu nombreuses.

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