Côte d’Ivoire : comment le discours d’Alassane Ouattara sur le 3e mandat a évolué

Les propos tenus à Jeune Afrique par le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, qui n’exclut désormais plus de briguer un troisième mandat en 2020, font débat en Côte d’Ivoire. D’autant qu’ADO n’a pas toujours tenu ce discours…

Le président ivoirien, Alassane Ouattara. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Le président ivoirien, Alassane Ouattara. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

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Publié le 5 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Dans un entretien paru dans l’édition n°2995 de Jeune Afrique (actuellement en kiosques ou disponible ici en édition digitale), le chef de l’État ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), envisage la possibilité d’effectuer au moins un troisième mandat. « La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes », déclare-t-il dans nos colonnes.

Aussitôt, une coalition de l’opposition ivoirienne, Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), faisait savoir qu’une telle perspective serait « anticonstitutionnelle, inacceptable et irréalisable », y voyant une « provocation ». Hostile par principe à la limitation des mandats présidentiels, Alassane Ouattara a varié, sur cette question, au fil des années.

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Un flou entretenu

En mai 2015, le chef de l’État affirmait qu’il n’envisageait pas de 3e mandat à la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), lors d’un entretien en marge de la 50e réunion annuelle de la Banque africaine de développement (BAD) qui se tenait fin mai 2015 à Abidjan. « Le président de la Côte d’Ivoire a déclaré au Dr Nkosazana Dlamini-Zuma qu’il se retirera après son second mandat comme président, s’il est élu [en octobre] », indiquait alors un communiqué de l’UA.

À la veille de la présidentielle d’octobre 2015, ADO accordait cette fois une interview au quotidien Le Monde et à RFI. Là encore, il se montrait catégorique. « Soyez tranquille. Si j’avais pu régler ce que j’avais à faire en un mandat, je n’aurais pas fait un second. Qu’est-ce que cela m’apporte ? […] La clause sur le quinquennat renouvelable une fois ne sera pas modifiée. J’aurai 78 ans en 2020, ça ne me vient même pas à l’esprit et même si on me le demandait, je ne le ferais pas. […] Si après trois ou quatre ans, ça va bien, pourquoi ne pas demander à un vice-président de prendre les choses en main ? »

C’est dans ce contexte qu’un projet de nouvelle Constitution est alors adopté par les Ivoiriens à plus de 93 % des suffrages, mais avec une participation officielle de 42 %, en partie due au boycott du scrutin par l’opposition. En novembre 2016, lors de la promulgation de ce texte, ADO n’évoque pas la question d’un éventuel mandat supplémentaire.

Début janvier 2017, il réaffirme même son intention de laisser la place à l’issue de son second mandat. « À l’occasion de mes 75 ans, ceci m’amène à réaffirmer que les institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020 », déclare Alassane Ouattara lors de la cérémonie d’échange de vœux face au corps diplomatique.

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Ce n’est qu’en novembre 2017 qu’il laisse planer le doute publiquement pour la première fois. À l’occasion d’un entretien avec France 24, en marge du sommet Union africaine–Union européenne, le président ivoirien déclare : « À priori, je ne me présenterai pas [en 2020]. […] En politique, on ne dit jamais non. Attendez 2020 pour connaître ma réponse. »

Une position qu’il vient de réaffirmer et de préciser dans son interview à JA.

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