Start-up de la semaine : au Sénégal, Volkeno mise sur la formation

À l’origine conçue comme une société de service et d’investissement, la start-up du Sénégalais Abdoul Khadre Diallo s’est lancée en avril 2017 dans un nouveau projet : la création d’un logiciel permettant à des instituts de formation d’enseigner les nouvelles technologies, même sans accès à internet.

Abdoul Khadre Diallo, le 24 mai, au salon Vivatech. © Volkeno

Abdoul Khadre Diallo, le 24 mai, au salon Vivatech. © Volkeno

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Publié le 14 juin 2018 Lecture : 3 minutes.

Pour la formation aux nouvelles technologies, un séjour à l’étranger est-il indispensable ? « Non », veut croire l’ingénieur sénégalais Abdoul Khadre Diallo, 27 ans, passé quant à lui par la prestigieuse Université de technologie de Compiègne (UTC) où il s’est spécialisé en programmation informatique.

De retour à Dakar en 2015, il décide de mettre ses compétences techniques au service de jeunes Sénégalais qui ont des projet entrepreneuriaux, mais ont besoin d’un appui pour les réaliser. « Tout a commencé par un hackathon, que j’ai organisé en juillet 2015, et qui a permis de lever 1 400 euros. J’ai ensuite créé ma start-up, Volkeno, avec l’idée de proposer du service, via le placement de stagiaires, et de l’investissement dans des nouveaux projets. Mais très vite, deux problèmes se sont posés : un manque de compétence, d’une part, et un manque de ressource, d’autre part », explique le jeune homme.

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Il revoit donc son projet pour y ajouter un programme de formation de trois mois avant le placement des jeunes en entreprise. Le programme Bakeli était né. « C’est un service qui combine formation, interim et placement, pour lequel nous avons déjà touché 150 personnes et espérons passer à 1 000 d’ici la fin de l’année, ce qui nous permettra d’atteindre l’équilibre », explique Abdoul Diallo.

Apprendre à monter un site web… sans internet

À ce service s’est ajoutée en avril 2017 l’idée d’un programme de formation à distance en programmation, marketing, marketing digital, développement de site web… Même en l’absence d’internet.

Baptisé « Andu », ce système s’est concrétisé par la création d’un logiciel, actuellement en test dans deux instituts de formation en informatique, comptabilité et gestion dakarois, Edge et Uni-Pro. « Quand le test sera validé, nous passerons à sa production sur une plus grande échelle et à sa commercialisation moyennant 1 à 3 euros par mois et par ordinateur équipé », explique Abdoul Diallo, qui se fixe un premier objectif à 20 écoles de formation.

La présentation du concept de ce projet a permis à Volkeno de remporter le Prix de l’innovation numérique de l’Agence de l’informatique de l’État sénégalais, doté de 3 millions de francs CFA (4 573 euros), lors du concours eGovLab Challenge en décembre 2017. Une somme qui est venue s’ajouter aux 1 700 euros – dont 1 550 pour le capital de Volkeno – investis par Abdoul K. Diallo et ses quatre associés pour lancer l’entreprise. Les premiers revenus générés par Bakeli permettent aujourd’hui de financer la recherche sur Andu.

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Sur tous les fronts

Le projet figurait aussi parmi les dix lauréats du deuxième concours d’innovation numérique en faveur du développement durable Digital Africa, porté par l’AFD. Outre un prix de 30 000 euros sous forme de subvention qui devrait être débloquée à partir du mois de juillet, cette distinction a permis au directeur général de Volkeno de bénéficier de l’appui de l’accélérateur français Numa et de participer du 24 au 26 mai au salon Viva Tech à Paris,Jeune Afrique l’a rencontré. « Mon but durant ce salon était de faire connaître mon projet auprès d’investisseurs et d’écoles qui seraient intéressées par Andu », explique Abdoul Diallo, qui souhaite lever prochainement 300 000 à 500 000 euros pour poursuivre le développement de son entreprise.

Le jeune entrepreneur souhaite en effet lancer prochainement la phase d’expansion d’Andu sur les marchés de la Côte d’Ivoire, du Niger, de la Guinée et du Cameroun. Il n’abandonne pas non plus son idée première d’appui aux start-up naissantes. « L’idée, ce serait d’avoir des fonds disponibles afin de réagir très vite aux demandes des porteurs de projets, en concertation avec d’autres organismes », explique Abdoul Diallo.

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Interrogé sur les freins qu’il a pu rencontrer, le start-uper mentionne en premier lieu la cherté du matériel informatique au Sénégal, la lenteur du net et une fiscalité non favorable aux start-up. « Mais il y aussi une dimension culturelle qui ne nous pousse pas à entreprendre. Dans les familles, on dit aux enfants de bien travailler à l’école et d’obtenir un diplôme, mais on les pousse davantage vers la fonction publique que vers la création d’entreprise », regrette-t-il.

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