Faillite en vue

Publié le 2 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Les quatre millions de Palestiniens risquent de payer cher la victoire électorale qu’ils ont donnée au Hamas. Depuis que l’organisation islamiste a été investie, le 29 mars, des responsabilités gouvernementales, l’Union européenne et ses membres ont pratiquement suspendu leur contribution financière qui, à hauteur de 600 millions de dollars, devait permettre à l’Autorité palestinienne (AP) de boucler son budget (2 milliards environ). Israël n’est pas en reste puisqu’il a cessé de transférer les revenus fiscaux et douaniers (60 millions de dollars par mois) qu’il collecte au nom de l’AP. Quant aux États-Unis, ils ont supprimé 400 millions de dollars d’aide directe promise à l’AP, mais en ont reporté une partie (100 millions) sur l’aide humanitaire qui transite par les Nations unies.
Le motif de ces sanctions est le refus du Hamas de reconnaître le droit d’Israël à l’existence, de renoncer explicitement à la violence et d’accepter tous les accords précédemment conclus par l’OLP. L’AP estime qu’il lui manquera une centaine de millions de dollars par mois pour administrer les territoires placés sous sa juridiction.
Divers pays musulmans (notamment l’Iran et le Qatar) se sont engagés à lui verser 250 millions de dollars, dont 100 millions immédiatement. La Russie a également promis un soutien financier, mais ces engagements tardent à se concrétiser. Enfin, il sera quasi impossible à l’AP d’emprunter auprès des banques au-delà de l’encours actuel de 1,3 milliard de dollars. La perspective d’un effondrement financier est donc de plus en plus menaçante. Les salaires du mois de mars des 140 000 agents publics n’ont pas été payés et la situation de l’emploi et de la santé publique pourrait vite devenir catastrophique.
Ismaïl Haniyeh, le Premier ministre, reste pourtant ferme sur ses positions : « Nous nous nourrirons de sel plutôt que de courber la tête devant tout autre que Dieu », dit-il. C’est donc le président Mahmoud Abbas qui pourrait détenir la clé de la situation – outre qu’il a accès aux fonds secrets de l’OLP, mais un déblocage de ceux-ci ne semble pas à l’ordre du jour. Le président de l’AP devait rencontrer Jacques Chirac le 28 avril à Paris. L’un des moyens de sortir de la crise pourrait être de faire transiter l’aide internationale par la présidence plutôt que par le Premier ministre. À plus long terme, Abbas pourrait être amené à jouer un rôle d’intermédiaire : il recevrait des engagements de la part de Haniyeh et les répercuterait sur la communauté internationale sans que le Hamas apparaisse comme ayant donné directement des gages à Israël.

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