CIA : l’affaire des fuites

Publié le 2 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Nouveau coup de torchon à la CIA, peu épargnée ces dernières années par les critiques, dissensions et discrédits de toutes sortes. Le 19 avril, Porter Goss, son directeur, a limogé avec fracas l’analyste Mary McCarthy, 61 ans dont vingt de « maison », pour avoir laissé filtrer un certain nombre d’informations préjudiciables à la réputation de l’Agence.
L’affaire remonte à plusieurs mois. En novembre 2005, le Washington Post publie une enquête retentissante sur les prisons clandestines et les vols secrets de la CIA à travers le monde, un véritable réseau de l’ombre permettant de transporter et d’interroger en toute impunité les terroristes présumés. Quelques semaines plus tard, c’est un document top secret de la National Security Agency (NSA) qui, après avoir transité par la CIA, est livré au public. Il s’agit d’un programme d’espionnage « domestique », à l’intérieur même des États-Unis, autorisé par le président George W. Bush. Effet dévastateur garanti.
Une enquête est alors déclenchée à l’issue de laquelle Mary McCarthy fait rapidement figure de suspect idéal. Démocrate pro-Kerry lors de la présidentielle de 2004, cette ancienne collaboratrice détachée auprès du Conseil national de sécurité (elle est aujourd’hui proche de la retraite) n’a jamais caché sa désapprobation face aux méthodes de plus en plus agressives et de moins en moins légales auxquelles la CIA post-11 Septembre a recours. Des réserves d’ordre moral jointes à un grand scepticisme quant à la qualité des renseignements fournis par l’Agence de Langley.
En 1998, déjà, McCarthy avait en vain tenté d’alerter la Maison Blanche de Bill Clinton à propos du Soudan. L’usine d’Al-Chifa, dans la banlieue de Khartoum, que les Américains s’apprêtaient à bombarder, ne fabriquait pas des armes chimiques mais des médicaments, assurait-elle. Elle avait raison, mais ne fut pas écoutée.
Goss a décidé de profiter de ?l’« affaire » McCarthy pour resserrer les boulons. Désormais, tout ancien agent de la CIA qui parlera à la presse ou fera paraître ses Mémoires sans « l’autorisation préalable » (en d’autres termes : sans la censure) de son ex-employeur s’exposera à des poursuites judiciaires, voire à la suspension de sa retraite. Mary McCarthy, elle, risque un procès et la prison. En théorie, car il est probable que, par souci de ne pas voir le linge sale de la CIA déballé en public, Porter Goss s’en tiendra là.

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