Standard & Poor’s dégrade la note du Ghana

L’agence Standard & Poor’s vient de dégrader la note du Ghana, la passant de « B » à « B-« , avec des perspectives stables. En cause : la détérioration de l’état des comptes publics et les lourds besoins en financement externe d’Accra.

S&P estime que le Ghana aura des difficultés à se plier aux contraintes attachées à une aide financière du FMI. © Reuters

S&P estime que le Ghana aura des difficultés à se plier aux contraintes attachées à une aide financière du FMI. © Reuters

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Publié le 27 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

Comme elle y est contrainte par la régulation européenne, l’agence de notation Standard & Poor’s a attendu la clôture des marchés le 24 octobre pour publier sa nouvelle estimation du risque de crédit du Ghana.

Une prudence qui n’enlève rien à la violence du coup : l’agence britannique a abaissé la note souveraine du Ghana de « B » à « B- » pour ses émissions obligataires de longue maturité en devises et en monnaie locale, avec des perspectives stables. C’est six crans en dessous des notes dites d’investissement. Accra rejoint l’Égypte et la RD Congo, également notées « B-« , aux derniers rangs des États africains évalués par S&P. Le pays conserve la note « B » attribuée à ses obligations de courte maturité.

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Mauvais chiffres

Cette baisse est due à la dégradation des comptes publics et externes du pays d’Afrique de l’Ouest. La note de Standard & Poor’s contient une avalanche de mauvais résultats macroéconomiques. Le PIB du Ghana devrait croître de 6 % chaque année en moyenne sur la période 2014-2017, soit quatre points de moins que les 10 % annuels enregistrés depuis 2010.

La monnaie nationale, le cédi, a plus de 30 % vis-à-vis du dollar en un an. L’endettement net du gouvernement en pourcentage du PIB est passé de 45,5 % fin 2012 à 53,4 % l’an dernier. Loin de reculer, il devrait atteindre 55,7 % cette année selon l’agence et s’équilibrer à 54 % sur la période 2014-2017.

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Le déficit public reste élevé, autour de 10 % du PIB. La charge de la dette dans le budget de l’État augmente : le paiement des intérêts devrait représenter 23,9 % des revenus en 2014 contre 22,9% en 2013 et 14,6 % en 2012. Les besoins de financement externes du pays représentent 150 % des recettes et les réserves officielles couvrent à peine un mois de paiements de la balance des comptes courants.

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Sceptique

« Nous pensons que la situation financière du gouvernement [ghanéen] est structurellement fragile, en raison notamment de la forte hausse des salaires du secteur public au cours des dernières années », écrit Standard & Poor’s dans son rapport.

L’agence de notation se montre également sceptique au sujet du programme de soutien financier que le Ghana négocie avec le FMI. « Nous croyons aussi que le gouvernement aura des difficultés à accepter et mettre en oeuvre un accord de prêt avec les bailleurs internationaux », note S&P.

En effet, selon l’agence britannique, les autorités ghanéennes auront du mal à accepter les conditions accompagnant un prêt du FMI, « plus particulièrement en raison des élections législatives et présidentielles prévues en 2016 ». Il est en effet attendu que l’institution dirigée par Christine Lagarde fasse des coupes dans les salaires et les effectifs de la fonction publique un préalable à la signature d’un accord de financement.

Interrogé par l’agence Reuters, Seth Terkper, le ministre des Finances ghanéen, s’est dit surpris par cette dégradation qui ne reflète pas selon lui « les progrès réalisés par le gouvernement dans la stabilisation de l’économie ni l’évolution des négociations avec le FMI ». « Nous sommes convaincus de retrouver notre note parce que le pays va croître de nouveau [et emprunter] un chemin de croissance positif », a-t-il ajouté.

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