Libérez les PME africaines !

Didier Acouetey est le fondateur du cabinet de recrutement et de gestion des ressources humaines spécialisé sur l’Afrique, AfricSearch.

Didier Acouetey.DR

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Acouetey

Publié le 25 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

Les grands enjeux du développement de l’Afrique sont régulièrement au centre des rassemblements organisés sur le thème de son décollage économique. Étrangement, le rôle des PME africaines y est bien souvent, et au mieux, abordé en filigrane.

Pourtant, elles constituent 90% des sociétés privées du continent et sont à l’origine de 45% des créations d’emploi. Elles sont le garant d’une redistribution plus équitable des fruits de la croissance en apportant emplois et pouvoir d’achat dans les zones éloignées des centres économiques. Elles représentent le meilleur moyen de transformer les économies africaines.

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Trappe

Malgré tout, les PME pèsent seulement 33% du PIB du continent, contre 60% dans les économies développées. C’est le signe qu’elles sont victimes d’une forme de “trappe aux PME”. Malheur à celles qui tentent de sortir de l’informel ! Elles sont immédiatement la proie d’un matraquage fiscal suicidaire. Avec un taux d’imposition global de 52,9 % contre une moyenne mondiale de 43,1%, les PME africaines sont les plus imposées de la planète . Quel bénéfice retirent-elles des impôts qu’elles payent ? Quels services publics leur sont rendus ? Malheureusement trop peu. Et c’est là le deuxième obstacle dans leur quête de croissance : l’état des infrastructures. Comment croître quand les délestages permanents vous obligent à recourir à un groupe électrogène pour vous alimenter en électricité ? Pourquoi iriez-vous payer des impôts en plus de payer du gasoil ?

La troisième dimension de cette trappe aux PME, c’est l’accès aux financements, trop limité. Les crédits proposés par les banques atteignent des taux prohibitifs tandis que les marchés financiers ne constituent pas encore une véritable alternative. Pour trouver de l’argent, les patrons en sont donc souvent réduits à recourir à des mécanismes traditionnels à peine moins onéreux et certainement moins fiables (tontine, usuriers, etc).

Alternatifs

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La mesure des besoins des PME doit donner lieu à toujours plus d’initiatives innovantes, de la part du secteur privé comme des acteurs publiques. La mésofinance, un mécanisme qui propose des outils de financement alternatifs, doit être encouragée. De même, les institutions doivent emboîter le pas à la Banque africaine de développement (BAD) en mettant au point des mécanismes qui permettent aux banques d’accorder des prêts plus risqués aux plus petites structures. Pensez au Fonds d’assistance au secteur privé africain (FAPA) ou au African Guarantee Fund (AGF).

Enfin, il faut que les différents acteurs de cet écosystème – chefs d’entreprises, banquiers, politiques et institutionnels – se rencontrent et se comprennent. C’est précisément l’objet du Africa SME Champions Forum qui s’organise à Dakar les 11 et 12 novembre prochains que de proposer toute une gamme d’outils, de réseaux et de services à destination des entreprises. Pour qu’enfin les PME africaines sortent de leur trappe et deviennent, demain, les champions qui transformeront durablement l’Afrique.

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