Youcef Fates

Pour Youcef Fates, politologue français d’origine algérienne et maître de conférences à Paris-X, la violence dans les stades en Algérie est le reflet de la société.

Publié le 31 mars 2008 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique : Selon certaines idées reçues, la violence dans les stades en Algérie remonterait aux années 1980 et 1990
Youcef Fates : Elle a commencé à se manifester dès l’époque coloniale, surtout lors des rencontres entre clubs « européens » et clubs musulmans. Cette violence se traduisait par des affrontements entre supporteurs, mais se reportait aussi sur les arbitres, les enceintes sportives, les édifices publics et bien sûr les forces de l’ordre. Et le pouvoir, visé indirectement, préférait laisser les gens s’exprimer au stade plutôt que dans la rue. Un stade se contrôle mieux. Après l’indépendance, les violences étaient motivées par des rivalités de clocher, mais aussi par des revendications sociales. Cela a duré jusqu’au milieu des années 1970.

La société algérienne est-elle frondeuse ?
J’aurais même tendance à dire qu’elle est violente. Regardez l’histoire algérienne de plus près, et vous constaterez qu’elle est jalonnée de violences. En outre, on éduque les garçons de telle sorte qu’ils deviennent dominateurs. Et le football est l’un des fiefs de la masculinité. En Algérie, la violence dans les stades est aussi l’occasion pour les laissés-pour-compte de la société d’exprimer leur désarroi. Parmi eux, certains sont manipulés par les islamistes, qui les envoient au stade pour exprimer une opinion politique. Le stade a toujours été le meilleur baromètre politique pour le pouvoir

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Le hooliganisme à l’européenne risque-t-il de s’exporter en Afrique du Nord ?
On peut le craindre, car les jeunes Maghrébins sont sensibles à ce qui se passe sur le Vieux Continent. Et comme ils ne sont pas très inventifs, ils pourraient être tentés par le mimétisme

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