Vincent Bolloré, constructeur automobile !

Publié le 31 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Le groupe Bolloré ouvrira à l’automne prochain, lors du salon automobile de Paris, un nouveau chapitre de son histoire, avec le lancement officiel de la Bluecar électrique. Initialement, Vincent Bolloré n’imaginait pas devenir constructeur. Il aurait préféré un partenariat, avec Renault par exemple. L’accord ne s’est pas fait, pour une raison que l’industriel français dévoile : « Tout le monde est capable de construire une voiture électrique. Le problème, c’est la batterie. Les batteries lithium-ion, qui équipent nos téléphones portables, chauffent quand la demande d’énergie est forte. Mon groupe est le seul à maîtriser la technologie lithium-polymères. Dès lors, j’entends être partenaire, pas simplement sous-traitant. Mais ce n’est pas la culture des constructeurs : ils ne veulent de nous qu’à titre de fournisseur, comme si nous fabriquions des balais d’essuie-glace ou des grelots »
Les 10 000 voitures électriques que Renault fournira chaque année à Israël à compter de 2011 seront donc animées par des batteries lithium-ion. Le groupe Bolloré partira dans l’aventure avec une nouvelle version de la Bluecar à batteries lithium-polymères, différente par la forme du prototype qui roule depuis déjà trois ans : une berline longue de 3,50 m, offrant quatre places, dessinée et assemblée en Italie par la société Pininfarina, avec laquelle un accord plus global s’annonce. Elle sera diffusée à partir du second semestre 2009, sous forme d’un achat en leasing avec mensualités de 500 euros. Ce qui équivaut à un modèle thermique de 20 000 euros, mais avec une facture énergétique bien moindre : 1 euro aux 100 km.
Renault évoque une autonomie de 100 km pour sa voiture électrique. La Bluecar, promet Bolloré, pourra rouler 250 km avant que ses batteries ne crient famine. Le progrès est sensible, mais ne change rien au fond : faible rayon d’action et long temps de recharge (8 heures) réservent la voiture électrique à un usage urbain. Et rares sont les citadins à disposer d’un garage privatif où ils peuvent procéder le soir venu à la recharge d’une voiture électrique
« C’est vrai dans une ville comme Paris, poursuit Vincent Bolloré. Pas en province, ou dans des pays de plus faible densité urbaine que la France. Mais la véritable question est ailleurs : croyons-nous que le réchauffement de la planète dû aux émissions de gaz carboniques fait courir à la planète un grave risque écologique ? Si la réponse est non, continuons à rouler avec des voitures thermiques. Si la réponse est oui, il va falloir changer nos habitudes et laisser une place en ville aux voitures électriques, qui ne polluent pas. »
Même s’ils n’ont pas accordé leurs violons, Vincent Bolloré et Renault ont raison. Le paysage automobile urbain va forcément changer. Péages à l’entrée du cur des grandes agglomérations et taxes sur les émissions nocives préparent l’avènement de la voiture électrique. « Dans une entreprise classique, conclut Vincent Bolloré, jamais les actionnaires ne m’auraient permis, sur un résultat net de 300 millions euros, d’investir 70 millions en 2007 dans un projet de voiture électrique. J’ai la chance de diriger un groupe à capital familial. Et dans l’industrie, quand on peut miser à long terme, on gagne toujours. »

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