Sur la route du jazz

Publié le 31 mars 2008 Lecture : 1 minute.

À partir de l’île de Gorée, il y a quelques siècles, l’embarquement vers l’ouest était sans retour pour ces Africains sans bagages déportés vers l’Amérique et l’interminable nuit de l’esclavage. Le voyage auquel nous convie aujourd’hui ce film, en compagnie de Youssou N’Dour et d’un petit groupe de talentueux musiciens africains ou afro-américains, débute lui aussi au large de Dakar et entend suivre la route des esclaves jusque sur l’autre rive de l’Atlantique. Mais pour raconter, en suivant ce groupe en tournée, une tout autre histoire.
Retour à Gorée nous montre d’un bout à l’autre que les condamnés à l’esclavage, en fait, n’étaient pas partis sans rien. Et que, au moins symboliquement, ils sont revenus. Ils avaient emmené avec eux la seule chose que l’on ne pouvait leur ôter : leur culture. Et en particulier leur musique, qui, à travers l’influence de ses diverses expressions nord-américaines (negro-spirituals, gospels, sons de la Nouvelle-Orléans), finira notamment par donner naissance au jazz, lequel retraversera l’Atlantique. Ce qu’évoque le titre du film, qui se termine très logiquement par les images émouvantes d’un concert final, avec tous les jazzmans qui ont accompagné Youssou N’Dour pendant plusieurs mois, sur le lieu même du départ de la tournée, à Gorée.
Le meilleur de ce film tourné très classiquement, rythmé par des rencontres entre Youssou N’Dour et des personnalités ou de grands artistes afro-américains, truffé aussi d’interviews parfois un peu triviales, réside tout naturellement dans les chants de la star africaine et les morceaux de jazz qu’il nous donne à entendre et qui soutiennent mieux que tous les discours son propos mémoriel. Fort heureusement, cette partie musicale est largement prédominante et c’est elle qui, en fin de compte, nous reste en mémoire.

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