Edouard Messou, PwC : « En Côte d’Ivoire, c’est la peur de manquer de cacao qui a fait grimper les prix »

Edouard Messou, président Afrique subsaharienne francophone du cabinet de conseil PwC, est revenu pour « Jeune Afrique » sur la hausse spectaculaire des prix du cacao constatée cette année en Côte d’Ivoire. Pour le consultant, cette augmentation est davantage due aux craintes et incertitudes du marché qu’à la réalité du terrain.

Édouard Messou a intégré le cabinet de conseil PwC en 1982. © Vincent Biocquaux pour PWC

Édouard Messou a intégré le cabinet de conseil PwC en 1982. © Vincent Biocquaux pour PWC

Publié le 23 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

Les prix du cacao ont augmenté de 30 % en Côte d’Ivoire par rapport à septembre 2013, mais malgré les craintes sur le virus Ebola, c’est surtout la volonté de reconstituer les stocks qui a entraîné cette hausse selon une étude de Pricewaterhousecoopers (PwC). Le président Afrique subsaharienne francophone du cabinet de conseil, Edouard Messou, a répondu aux questions de Jeune Afrique.

Propos recueillis par Marion Douet

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Jeune Afrique : Malgré une production record, les prix du cacao ont bondi de 30 % cette année, est-ce dû à une forte demande ?

Il n’y a pas d’effet Ebola sur la production de la Côte d’Ivoire. Juste la psychose Ebola.

Edouard Messou : C’est tout le paradoxe. La demande n’est pas si forte que ça, on est autour de 2 % d’augmentation par an. Dans cette hausse de 30 %, l’élément émotionnel est le plus important : c’est la crainte de ne pas pouvoir faire face à la demande et la volonté de reconstituer les stocks.

Fin juillet, les stocks étaient au plus bas et personne n’avait anticipé que la production allait être si haute.

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La flambée des prix a donc eu lieu avant le mois d’août, où l’on a annoncé ces volumes très élevés. Ensuite les prix ont amorcé une chute.

Et ce malgré les craintes autour du virus Ebola ?

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Ebola a freiné la baisse des prix qui démarrait. Aujourd’hui, nous n’avons pas de cas en Côte d’Ivoire. La récolte principale arrive déjà dans les ports ivoiriens. Donc, pour cette année, on peut considérer qu’il n’y a pas d’effet Ebola sur la production de la Côte d’Ivoire. Il n’y a eu que la psychose Ebola.

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Quel serait l’impact sur le secteur si cette épidémie arrivait en Cote d’Ivoire ?

Si Ebola évoluait de façon disons « méthodique » cela viendrait de l’Ouest. Et il suffit de voir la répartition des cultures de cacao en Cote d’Ivoire, qui sont à peu près à 60 % situées dans cette zone, pour comprendre que l’impact serait important. Mais pour l’instant, c’est seulement une question de santé publique.

Revenons sur les volumes records annoncés pour cette période, comment s’explique selon vous cette récolte exceptionnelle ?

Par une météo particulièrement favorable. La pluviométrie a été bonne. Il faut rappeler que le cacao est très sensible aux dérèglements climatiques. En dehors de ce facteur, les autres variables qui peuvent influencer la production sont la surface exploitée, l’arrivée de nouvelles variétés sur le marché ainsi que les crises politiques, comme cela a été le cas en 2002/2003 ou en 2010/2011. Il faut noter que ces dernières peuvent aussi avoir un impact important sur les prix.

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