La secte interdite

Publié le 31 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Réuni le 21 mars à Matadi, dans la province du Bas-Congo, le Conseil des ministres a interdit le mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo (BDK). Fondée en 1986, cette association à but non lucratif s’est assigné la mission de restaurer l’ancien royaume kongo, qui, à son apogée, au XVe siècle, comprenait l’actuel Bas-Congo, plus une partie de l’Angola, du Congo-Brazzaville et du Gabon.
Le retrait de l’agrément de BDK était attendu. À la fin du mois de février, de violents affrontements ont eu lieu entre ses adeptes et les forces de l’ordre. Bilan : une trentaine de morts, selon Kinshasa ; plus d’une centaine, selon les Nations unies. En janvier et février 2007, déjà, des incidents du même genre avaient fait une centaine de victimes.
Défini sur son site Internet comme une « académie des sciences », une « école spirituelle » et un « parti religieux », BDK est considéré à Kinshasa comme une menace pour l’autorité de l’État. Son fondateur, le député Ne Muanda Nsemi, prétend avoir été visité en 1969, alors qu’il était étudiant en sciences, par « l’esprit de Dieu », qui l’aurait convaincu de faire de la religion kongo « l’âme de la Renaissance africaine ». Une « vérité » que ses adeptes – qui seraient au nombre de 1,5 million dans le Bas-Kongo – n’hésitent pas à imposer de manière passablement brutale. Certains sont soupçonnés de se droguer au chanvre, raison pour laquelle le Conseil des ministres du 21 mars a ordonné la destruction de toutes les plantations dans la province.
Les membres de BDK sont favorables à l’instauration d’une fédération et protestent contre l’inégale redistribution par l’État des richesses de la province, qui compte 3 millions d’habitants, et, seule dans ce cas, dispose d’une façade maritime. Elle possède en outre du pétrole, d’importantes ressources en bois, deux grandes cimenteries et une sucrerie, sans parler du très stratégique barrage hydroélectrique d’Inga. « Leur contestation est plus sociale que politique, estime Kimpozo Mayala, journaliste au quotidien Le Phare. Pourtant, le Bas-Congo est l’une des provinces les plus développées du pays, en termes d’infrastructures. »
Selon certains juristes, l’interdiction de la secte est illégale, le Conseil des ministres n’ayant pas le pouvoir d’interdire une association à but non lucratif – décision qui relève, selon eux, d’un tribunal. Reste que BDK fonctionne comme une société secrète, qu’elle dispose de ses propres agents de sécurité et de lieux de réunion clandestins. Et qu’il faudra davantage qu’une décision ministérielle pour la démanteler.

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