La proximité comme atout

Les sociétés de services en ingénierie informatique et les centres d’appels ont le vent en poupe. Un site dédié à l’économie numérique vient d’ouvrir ses portes. Et compte sur les avantages comparatifs du Maroc pour séduire les investisseurs.

Publié le 31 mars 2008 Lecture : 3 minutes.

Enfin ! Après quelques semaines de retard, Casanearshore, site dédié à l’offshoring pour les activités ITO et BPO (Information Technology et Business Process Outsourcing), a accueilli ses premiers locataires : HPS, Tata Consultancy Services et BNP Paribas. Dans les prochains mois, ce sont GFI Informatique et Logica CMG qui ont prévu d’emménager. Ubisoft, Atos Origin, Capgemini, Dell, Mazars, M2M devraient suivre. « D’ores et déjà, la première tranche de 70 000 m2 est pleinement réservée. Près de 90 000 m2 devraient ensuite être livrés début 2009, puis 100 000 m2 en 2010 », indique Anouar Atmani, directeur commercial du parc.

Activité porteuse
Casanearshore, c’est la réponse des autorités marocaines pour développer à Casablanca l’offshore informatique, l’externalisation de services et les centres d’appels, activités porteuses identifiées par le plan Émergence. Pour peu que plus de 70 % des activités soient destinées à l’export, l’offre est alléchante : de la location de plateaux à partir de 90 dirhams hors taxe le m2 (environ 8 euros), un taux effectif de l’impôt sur le revenu de 20 % (contre 40 % à 42 % pour les revenus supérieurs à 5 000 dirhams mensuels), l’exonération de l’impôt sur les bénéfices les cinq premières années, des coûts de télécommunication jusqu’à 35 % inférieurs aux prix du marché, des aides à la formation. Les entreprises sont également séduites par la proximité géographique avec la France, grâce aux liaisons aériennes avec Paris et sa province, par la qualité des connexions télécoms et par l’utilisation de la langue française, même si des efforts sont à fournir pour parvenir à une plus grande maîtrise.
Au cours des cinq prochaines années, les autorités prévoient la création de 30 000 emplois dans le secteur de l’offshoring, à Casablanca mais également à Rabat et à Fès. Dernièrement, le groupe français Steria a annoncé la création d’un joint-venture au Maroc, qui pourrait accueillir une centaine d’ingénieurs d’ici à la fin de l’année, et 500 personnes à l’horizon 2012. Partout, les plans de recrutement sont ambitieux. GFI Maroc table sur 250 employés à la fin de 2009 pour sa division offshore. Logica CMG compte recruter 200 personnes d’ici à la fin de l’année pour porter l’ensemble de ses effectifs à 450. Data Base Factory, spécialisée dans le télémarketing et la relation clients, vise 900 postes d’ici à la fin 2009, contre 250 aujourd’hui.
« Notre crainte, c’est que l’on soit un peu victime de notre succès. Y aura-t-il assez de ressources pour tout le monde ? Déjà, on constate une inflation des salaires. Les sociétés nouvellement arrivées essaient de débaucher », explique Saloua Karkri-Belkeziz, administrateur-directeur général de GFI Maroc. En l’espace de deux ans, le salaire d’un ingénieur débutant a augmenté de 50 % pour passer à 12 000 dirhams par mois (environ 1 060 euros). « Nous essayons de mettre en place une charte de déontologie, un référentiel de fonctions et de salaires », indique Mohamed Lakhlifi, directeur de Logica Maroc et vice-président de la Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (Apebi). À Casablanca, pour éviter le turn-over et fidéliser leurs employés, certains privilégient le centre-ville, à l’instar du call-center Data Base Factory ou du bureau de R&D Matra Automobile.
D’ici à 2010, le Maroc devrait former quelque 10 000 ingénieurs. Mais parce que cela ne saurait suffire, les sociétés de services informatiques élargissent le spectre des embauches à des profils généralistes, plutôt scientifiques, formés ensuite en interne aux nouvelles technologies. Sans compter le retour de France ou du Canada de jeunes Marocains expérimentés.

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Salaires en hausse
Si la hausse des salaires est redoutée, en revanche, les entreprises espèrent une diminution du coût des communications télécoms. « Nous avons aujourd’hui trois opérateurs au Maroc. La concurrence peut encore jouer et permettre une baisse des tarifs », souligne Mohamed Slimani, directeur général délégué de Data Base Factory Maroc.
Le pays est à un tournant. Sur le plan légal, l’environnement aussi évolue. En réponse aux menaces de veto aux délocalisations de la part de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) en France, un projet de loi concernant la protection des données individuelles devrait être présenté en avril devant le Parlement marocain.

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