Fin de la guerre civile en Angola
4 avril 2002
Quatre mille. C’est le nombre de personnes rassemblées ce 4 avril 2002 dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, à Luanda. La raison de cette affluence est exceptionnelle : après vingt-sept ans de guerre civile, les frères ennemis se retrouvent pour sceller l’accord mettant fin aux hostilités. Une sorte de paix des braves entre le vainqueur – le gouvernement angolais – et le vaincu, la rébellion de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita). Au-delà des discours de circonstance, c’est surtout une image, une seule, qui frappe et émeut les esprits. Celle de deux hommes, le général Armando da Cruz Neto, chef d’état-major des Forces armées angolaises (FAA), et le général Abreu Muengo Ukwachitembo « Kamorteiro », le chef militaire de la rébellion, debout, s’étreignant chaleureusement après avoir apposé leur signature sur le texte de l’accord de cessez-le-feu. Témoins de la scène : le président José Eduardo dos Santos et des représentants de la communauté internationale.
L’accord du 4 avril 2002, le quatrième signé entre les deux parties après ceux de 1975, 1991 et 1994, trouve ses origines dans la défaite militaire de l’Unita, dont le chef, Jonas Savimbi, a été tué par l’armée régulière le 22 février à Lucusse, dans la province de Moxico (Est). Déboussolés, les rebelles sont contraints d’opter pour la paix. Après des contacts discrets avec les dirigeants de la rébellion, le gouvernement annonce unilatéralement, le 13 mars, la cessation des hostilités et déterre les vieux accords de Bicesse et de Lusaka afin de les remettre au goût du jour. Quarante-huit heures plus tard, les négociations préliminaires entre les deux camps s’ouvrent à Cassamba (Moxico). Ironie du sort, la délégation gouvernementale est conduite par un ancien gradé de l’Unita, le général Geraldo Sachipenda Nunda, chef d’état-major adjoint des forces régulières. Affaiblie, divisée, la rébellion n’a pas une grande marge de manuvre.
Les représentants des deux parties se retrouvent, le 20 mars, à Luena, toujours dans la province de Moxico. Au centre des discussions : le cantonnement et la démobilisation des combattants de l’Unita. Mais aussi le rôle politique à jouer par les responsables du mouvement rebelle au sein du gouvernement et des structures de l’État, les élections, la révision de la Loi fondamentale Ces pourparlers mènent à la signature d’un accord militaire, le 30 mars, prélude à celui du 4 avril. Lequel entérine le cantonnement des combattants de l’ancienne rébellion, l’intégration d’un certain nombre d’entre eux dans l’armée nationale, la dissolution de l’aile militaire de l’Unita
La particularité de l’accord du 4 avril 2002, c’est que son volet militaire n’a jamais été violé à ce jour. Et a permis de mettre fin à la longue guerre civile qui aura coûté la vie à quelque 500 0000 Angolais et jeté sur les routes des millions d’autres. Sur le plan politique, beaucoup reste à faire, notamment en ce qui concerne la tenue d’élections. Le gouvernement, n’ayant plus rien à craindre de l’Unita, a préféré prendre tout son temps
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