Encore un effort !

Les films africains étaient à la fête pendant deux mois à Paris. Et ont suscité un vaste engouement alors que les investisseurs manquent toujours à l’appel.

Publié le 31 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Pour fêter les cinquante ans du cinéma africain, la prestigieuse Cinémathèque française vient de lui consacrer une imposante manifestation, Africamania (voir J.A. n° 2453). Du 17 janvier au 17 mars ont été présentés à Paris près de quatre-vingts films parmi les plus marquants du continent, du célèbre La Noire de du pionnier sénégalais Sembène Ousmane au récent Bamako du Mauritanien Abderrahmane Sissako. Avec une double intention. D’une part, évidemment, rendre un hommage appuyé à cette cinématographie en projetant devant un public aussi large que possible ces films du sud du Sahara si rarement programmés. D’autre part, aider à une relance de ce cinéma notamment en organisant des débats sur ses difficultés.
« Africamania n’a pas été un triomphe, mais ce fut une réussite », assure Serge Toubiana, le « patron » de la cinémathèque, où plus de 12 000 spectateurs se sont pressés. Certains films ont fait le plein voire au-delà, notamment Ezra (Étalon d’or 2007 du Fespaco) du Nigérian Newton Aduaka et Il va pleuvoir sur Conakry du Guinéen Cheick Fantamady Camara. Belle affluence également pour des classiques comme Baara de Souleymane Cissé ou Le Mandat de Sembène Ousmane.
En moyenne, les longs-métrages ont ainsi attiré à peine moins de spectateurs que ceux qui étaient programmés au cours de la même période pour un hommage à Jeanne Moreau, ce qui est satisfaisant. De plus, comme les abonnés à la cinémathèque n’ont représenté qu’environ 40 % des entrées, il semble bien que de nombreux amateurs de cinéma africain se soient déplacés à cette occasion. Enfin, malgré sa longueur peu commune, la manifestation n’a pas connu de fléchissement au niveau de la fréquentation après le traditionnel engouement des premières séances. Ce qui aura déjà au moins pour effet, assure Serge Toubiana, d’encourager les programmateurs de la cinémathèque à montrer plus souvent de tels films.
De quoi rendre optimiste quant à l’avenir des cinématographies sud-sahariennes ? Notamment en incitant les pouvoirs publics à prendre conscience de l’enjeu capital que représente la production de leurs propres images par les Africains ?
Les deux tables rondes qui ont réuni à l’occasion d’Africamania des cinéastes, des producteurs et des critiques pour parler de la création cinématographique sur le continent, très suivies, n’ont guère donné de raisons de se réjouir à cet égard. Les bonnes surprises ne sont certes pas à rechercher du côté des États ou de l’évolution des aides institutionnelles, notamment européennes.
C’est plutôt l’essor d’un cinéma de proximité à petit budget facilité par le développement des technologies numériques qui fera émerger de nouveaux films propres à toucher le public africain en évoquant les sujets qui le concernent. Ce qui conduit d’ailleurs à se féliciter de la vitalité actuelle du cinéma documentaire. Même si c’est, pour un temps, au détriment du cinéma plus « artistique », le seul jusqu’ici considéré comme légitime et que soutiennent, insuffisamment d’ailleurs, les bailleurs de fonds occidentaux et les grands festivals.

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