Des banques géantes aux pieds d’argile

Rentables et dynamiques sur un marché intérieur en pleine expansion, elles pourraient ne pas disposer des moyens humains et financiers de leurs ambitions.

Publié le 31 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Supposées en pleine forme depuis le « big-bang » qui leur avait été imposé en 2005 par la Banque centrale, les banques nigérianes ne sont peut-être pas aussi solides que beaucoup le croient. Quant à leur appétit d’ogre pour la conquête de nouveaux marchés, notamment en Afrique de l’Ouest francophone, elles n’ont sans doute pas les moyens de les satisfaire. Tels sont deux des enseignements que l’on tire d’un bilan sévère établi par Standard & Poor’s et publié le 25 mars. L’agence internationale de notation considère le système bancaire nigérian « à haut risque ». Dans sa classification en 10 catégories (Bank Industry Country Risk Assessment, Bicra, où le premier groupe présente les meilleures performances), le Nigeria se place dans le groupe 9, aux côtés du Costa Rica et du Liban.
Au chapitre des bonnes nouvelles, la vitalité du marché intérieur donne des ailes aux plus grandes banques du Nigeria. Les dix premières se livrent une vive concurrence auprès de la clientèle particulière, étendent leur réseau dans le pays et modernisent leurs services, faisant notamment appel aux cartes bancaires et aux guichets automatiques. Déjà 2 millions de cartes sont en service (sur une population de 140 millions) et ce chiffre devrait augmenter de 400 % d’ici à 2010. Mais le corporate banking reste évidemment la principale activité des banques nigérianes. Tiré par la croissance des revenus du pétrole et les investissements publics, il permet aux dix premières nigérianes d’afficher une rentabilité qui atteint les standards internationaux (1,7 % à 3 % des actifs), réalisant des marges de 6 % sur les intérêts. Les commissions sur opérations ont représenté 38 % de leur chiffre d’affaires 2007.
Mais les banques nigérianes n’ont pas les moyens de leurs ambitions et, notamment, ceux de leur stratégie internationale. Le capital des dix premières a augmenté de 60 % en 2007 pour faire face à leur expansion, les fonds ayant été réunis par des opérations boursières au Nigerian Stock Exchange (NSE). Standard & Poor’s note que la méthode a ses limites : bien que dynamique, le NSE reste un marché fragile dans un environnement économique encore incertain. Enfin, les banques nigérianes sont jugées en retard de deux ans par rapport à la mise en place des nouvelles normes prudentielles (Bâle II). Et l’agence considère comme quasi inaccessible l’objectif de mettre en place les normes comptables internationales IFRS, compte tenu de l’insuffisance de professionnels spécialisés dans le domaine bancaire.

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