Courrier des lecteurs
Qui sont les Français d’origine africaine ?
– Le sondage exclusif Ifop/J.A. (J.A. n° 2460, pp. 26-34) – que j’ai trouvé remarquable – sur la perception qu’ont les Français d’origine africaine des trois ministres issues de la diversité (Fadela Amara, Rachida Dati et Rama Yade) appelle néanmoins quelques commentaires.
1) J.A. pourrait adopter la définition suivante pour « Français d’origine africaine » : « Tout citoyen français qui se reconnaît lui-même une origine africaine. » Car vouloir déterminer qui est d’origine africaine en fonction d’un parent et d’un grand-parent peut exclure des Français qui se sentent concernés par les problèmes d’intégration. Ensuite, les minorités visibles votent moins que les autres catégories de la population. En utilisant les listes électorales, l’Ifop a certainement ignoré une partie des minorités visibles les plus révoltées des quartiers difficiles.
2) Vous avez tellement rapproché (y compris sur la photo) les trois ministres d’origine africaine de Nicolas Sarkozy, que les questions posées sont vraisemblablement perçues comme un mini-référendum sur le président français. La faible popularité de ce dernier, surtout dans les communautés africaines, rendait les résultats du sondage plutôt prévisibles.
Kilem Li Gwet (Camerounais d’origine), Maryland, États-Unis
Islamophobie : balayer devant sa porte…
– Il est de bon ton de crier à l’islamophobie au moindre problème posé par un pays occidental – ou un de ses ressortissants – envers un musulman. Ce qui peut parfois se comprendre. Mais comment interpréter les lois en vigueur dans les pays dits musulmans (alors qu’on sait parfaitement que tout le monde n’y est pas musulman), ainsi que les brimades envers les communautés chrétiennes (voir J.A. n° 2461, pp. 46-47) ? On devrait balayer devant sa porte avant de lancer la moindre critique à l’encontre des autres.
Les pays du Sud sont les premiers à hurler quand ce genre de chose se produit chez les autres, alors que nous ne sommes pas toujours exemplaires. Comment réagirait-on si un simple imam prêchant à Barbès était victime d’un arrêté d’expulsion ? Les hommes politiques doivent s’occuper de politique, d’économie et de social. L’aspect spirituel est un aspect privé avec lequel l’État n’a rien à voir. On est au XXIe siècle, oui ou m
Obambé Gakosso, Gisors, France
Une nouvelle vision pour l’UA
– À mon humble avis, l’Union africaine (UA) doit changer sa vision si elle veut vraiment s’offrir une réelle destinée et se présenter comme un interlocuteur valable des Africains. Sinon, on s’apercevra vite que, bien loin de ses idéaux de départ, l’UA reste une coquille vide. Les organes de l’UA – qui sont des copies conformes de leurs homologues européens – restent faibles et inaptes, incapables d’influer véritablement sur le quotidien des peuples africains en vue de favoriser la démocratie. La nouvelle vision doit consister à imposer aux élites et aux chefs d’État africains une ligne de conduite honorable sur la démocratie, en s’opposant aux chefs d’État voleurs et assassins, et en matant les rébellions opportunistes !
Patrick Bakwa, journaliste, Kinshasa, RDC
États-Unis : tristes perspectives
– Au mois de novembre prochain, les Américains éliront John McCain à la présidence des États-Unis, pour la simple raison que beaucoup d’entre eux refuseront de voter pour un candidat noir, Barack Obama. Et re-bonjour les dégâts ! Car McCain n’est pas un enfant de chur : il fait partie de cette génération de républicains qui croient que l’Amérique doit dominer et agresser les autres peuples. Et, pendant ce temps, les Arabes font profil bas et attendent un miracle venu du ciel : ils espèrent en silence que George Bush ne leur causera pas une tragédie supplémentaire en attaquant l’Iran ou la Syrie.
Hédi Ayari, Tunis, Tunisie
Bundu dia Kongo réprimé
– « Nous ne sommes pas des rebelles. Nous réclamons nos droits. Nous demandons aux autorités de Kinshasa de négocier avec notre leader. » Cette déclaration émane d’un adepte de Bundu dia Kongo (BDK) sur RFI. Alors que nous nous attendions, comme le laissait espérer le déplacement du premier ministre Antoine Gizenga, à une oreille attentive de la part du gouvernement de Kinshasa, la réaction de ce dernier a été d’interdire BDK et d’ouvrir une action judiciaire contre le leader du mouvement, Ne Muanda Nsemi, après avoir effectué une répression sanglante. Pourtant, dans l’histoire du Congo, les Bakongos n’ont jamais conduit de rébellion armée. C’est un peuple que les autres Congolais ont toujours qualifié de « mou ». Mais quand il commence une action, il s’y tient. Si les adeptes de BDK avaient pris les armes, Kabila les aurait peut-être écoutés. D’autant qu’ils disent tout haut ce que les Bakongos pensent tout bas. La contestation au Bas-Congo n’a pas commencé avec BDK. Simon Kimbangu a bravé les autorités coloniales belges vers 1910 en créant le mouvement politico-religieux Kintuadi (Unité-Communauté). Après avoir massacré ses adeptes, les Belges l’ont mis en prison à Lubumbashi, où il est mort. Mais son mouvement n’a pas disparu pour autant. Et, à moins que le pouvoir de Kinshasa n’ait le courage de dialoguer avec BDK, l’Histoire pourrait se répéter.
Christian Etongo Ilengo, Ouagadougou, Burkina Faso
Katoucha au firmament
– La lettre de Mariama Ndoye (J.A. n° 2462, p. 95), saluant la mémoire de son ex-collègue Katoucha, a retenu toute mon attention. Une lettre attachante, au contenu émouvant, qui honore son auteure. Katoucha, maintenant « au firmament », est fière de vous et vous remercie, Mariama. Nous de même, car vous avez fait revivre, le temps d’une courte lecture, celle qui donna à la beauté noire ses lettres de noblesse ; celle dont la brutale disparition a profondément ému la diaspora africaine de France ainsi que tous ceux qui, à travers le monde, l’ont vue et connue.
Yadji Sangaré, Montreuil, France
Pour une littérature en langue africaine
– Fatou Diome (en photo) se dit africaine (voir J.A. n° 2461, « Plus Littérature », p. 70), mais en réalité elle est « d’origine africaine ». Qu’elle sache qu’elle n’intéresse pas forcément l’Afrique, même si, elle, peut souvent penser à l’Afrique. En tout cas, pour un Africain, écrire dans sa langue n’est pas « faire du populisme » et n’est sûrement pas « stupide ». Il s’agit plutôt de s’exprimer dans les langues de l’âme et du génie des personnes d’Afrique que les aléas de l’Histoire ont reléguées actuellement à la place qui est celle de ce continent. Ne pas écrire dans sa langue pour un Africain signifie qu’il continue à donner raison à ceux qui disaient hier que l’Afrique n’a rien donné au monde. Si Fatou Diome avait écrit en sérère, c’est évident qu’elle n’aurait pas été lue au Japon. En revanche, elle serait aujourd’hui lue par un grand nombre d’Africains de Niodor (Sénégal), où elle est née.
Mbala Lussunzi Vita, Lyon, France
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