Cap sur les infrastructures

Si les routes, l’industrie et les mines restent les moteurs du dynamisme, les activités de construction commencent à se diversifier. Plusieurs États, comme le Sénégal et l’Angola, lancent en effet des projets dans le tourisme et l’habitat.

Publié le 31 mars 2008 Lecture : 3 minutes.

Omniprésent au nord du continent, l’essor de la construction gagne peu à peu le sud du Sahara. Certes pas dans les mêmes proportions, mais avec un réel impact sur l’économie. Pour s’en persuader, il suffit de visiter une ville comme Ouagadougou, au Burkina. Dans le pays, le secteur du BTP a crû en moyenne de 5 % par an de 2001 à 2005. À travers la capitale, les symboles de ce développement sont nombreux, mais le plus vibrant est celui de la ville nouvelle Ouaga 2000 : une cité qui mixe résidences, complexe hôtelier, salle omnisports et immeubles administratifs et privés. Les raisons de cet essor de la construction en Afrique subsaharienne sont multiples, et la première d’entre elles est souvent la volonté étatique.
Logiquement concernés au premier chef par l’explosion du BTP, les pays producteurs d’hydrocarbures utilisent une partie de la manne pétrolière pour construire à tout-va. C’est le cas notamment de l’Angola et de la Guinée équatoriale, le premier ayant des années de retard à rattraper, la seconde ayant décidé de se lancer dans de lourds investissements en infrastructures. Ainsi, la Guinée équatoriale réhabilite et étend ses aéroports de Malabo et de Bata, tandis que l’allemand Dywidag achève sa deuxième année de travaux dans le cadre de la construction d’un aéroport à Mongomo. Ces projets, ainsi qu’une multitude d’autres dans le domaine des administrations publiques ou du portuaire, expliquent que le BTP soit la principale source de croissance du pays, si l’on excepte le pétrole. En Angola, le secteur de la construction s’est envolé de 66 % en 2006. Une évolution due aux nombreuses réhabilitations de routes, d’ouvrages d’art et de bâtiments détruits par la guerre, mais aussi à de nouveaux chantiers. Ainsi, 8 000 km de routes doivent être asphaltés entre 2007 et 2009
Le poids lourd économique de la zone, le Cameroun, voit aussi le secteur de la construction comme l’une de ses rares locomotives, alors que la croissance du pays reste trop faible. Outre des investissements d’infrastructures liés aux développements miniers ou quelques lourds chantiers, comme la construction du Palais des sports de Yaoundé, le secteur des BTP est essentiellement dopé par les investissements réalisés dans l’immense réseau routier du pays : un programme de plus de 200 millions d’euros par an visant à remettre en état des routes parfois délabrées, à créer de nouvelles voies ou à les bitumer.

Sommet de l’OCI au Sénégal, football en Afrique du Sud
Preuve de la diversité de la construction au sud du Sahara, ce ne sont pas les routes qui expliquent la croissance annuelle de plus de 10 % du secteur des BTP au Sénégal. Le pays bénéficie de grands projets d’infrastructures : modernisation et extension du Port de Dakar, construction d’un nouvel aéroport international, d’une autoroute entre Dakar et Thiès, d’un port minéralier à Bargny ou d’une centrale thermique. Le pays a également largement bénéficié de l’effet d’entraînement lié à l’organisation du sommet de l’OCI de mars 2008, qui a été à l’origine de nombreux projets, notamment dans l’hôtellerie. Depuis 2006, Dakar étudie également le lancement de travaux pour l’aménagement de nouveaux sites touristiques à Pointe-Sarène, à Joal et à Mbodiène. Des projets qui pourraient représenter plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissements en construction d’hôtels et de complexes balnéaires.
Pour un petit nombre de pays subsahariens, le tourisme est en effet une source non négligeable de chantiers, même si le phénomène n’est nullement comparable avec celui de l’Égypte, du Maroc ou de la Tunisie. C’est par exemple le cas en Afrique du Sud, où la préparation de la Coupe du monde de football 2010 implique des investissements de plus de 1 milliard de dollars, ne serait-ce que pour la rénovation et la construction de stades.
Au final, tous les pays africains, ou presque, sont soumis à une pénurie de ciment, qui a pour corollaire une flambée des prix du matériau dans les pays où les tarifs sont libres, mais aussi, ailleurs, de grosses difficultés financières à surmonter pour les cimentiers, qui voient augmenter les coûts des matériaux nécessaires à la fabrication du ciment. En Tanzanie, le prix du sac de ciment a bondi de plus d’un tiers en un an et, au Cameroun, la hausse frôle les 20 %.

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