Stopper le trafic d’armes

Le futur Premier ministre travailliste Harold Wilson promet d’arrêter la coopération militaire avec le régime de l’apartheid.

Publié le 2 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Lorsque M. Harold Wilson [1916-1995] devint le président du Parti travailliste, on se posa cette question : quelles incidences sa nomination allait-elle avoir sur les pays du Tiers Monde en général et sur les mouvements nationalistes africains en particulier ? Somme toute, on ne se faisait guère d’illusions. La personnalité de M. Wilson lui-même n’avait pas manqué de susciter des commentaires réticents, car elle ne manquait pas d’équivoque ; on le disait ambitieux et sans scrupule, trop occupé à résoudre les conflits latents à l’intérieur de son propre parti pour songer à rénover une politique coloniale travailliste traditionnellement libérale.
Or M. Wilson vient de dévoiler brusquement ses batteries au cours d’un grand meeting populaire tenu à Trafalgar Square, en plein coeur de Londres. Vêtu d’un imperméable, les mains dans les poches, celui qu’on a appelé le « gros chat » a lancé une violente attaque contre le gouvernement Harold Macmillan en l’accusant de favoriser le trafic d’armes à destination de l’Afrique du Sud.
Le leader travailliste est même allé plus loin ; il s’en est pris aux nations occidentales qui continuent à fournir de grosses quantités d’armes au gouvernement sud-africain, alors que ces mêmes nations ont condamné ouvertement, dans les assemblées internationales, le régime de répression et de terreur instauré par le Dr Hendrick Verwoerd.
Cette hypocrisie a permis à M. Wilson de poser la question : comment peut-on parler d’un vent de changement alors que l’on encourage ceux qui s’opposent à ses effets bénéfiques ? Et il expliqua : « J’ai demandé que les exportations d’armes fussent rendues publiques et qu’on y mette un terme ! On m’a répondu : « C’est impossible, l’intérêt public s’y oppose. » » Le leader travailliste en vint alors à définir la nouvelle politique de son parti en matière de décolonisation. Il a affirmé sa volonté de rester fidèle à la ligne tracée par ses prédécesseurs.
Sous le règne de M. Hugh Gaitskell, le Parti travailliste avait condamné formellement l’envoi de tout armement en Afrique du Sud tant qu’il y serait installé un régime d’apartheid. C’est toujours la politique du parti et ce sera la sienne s’il est appelé à former un gouvernement à l’issue des prochaines élections [il sera effectivement Premier ministre de 1964 à 1970, puis de 1970 à 1976]. M. Wilson a précisé, d’ailleurs, qu’il adopterait une position semblable en ce qui concerne le Portugal dont il a attaqué violemment la politique dans ses possessions d’outre-mer.
Mais le Parti travailliste ne se contentera pas d’interdire les exportations d’armes britanniques ; il fera de son mieux pour que le gouvernement sud-africain n’ait pas l’occasion de s’en procurer ailleurs. Il a tenu également à rassurer ses électeurs : ceux qui pourraient être affectés par de telles mesures seront reconvertis dans d’autres secteurs.

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