Ousmane Masseck NdiayeOffensive de charme

Publié le 2 avril 2003 Lecture : 3 minutes.

Il est né il y a quarante-huit ans dans la ville de Kébémer, comme un certain Abdoulaye Wade. Et comme Abdoulaye Wade, il a fait des études supérieures en économie. C’est du ministre sénégalais du Tourisme depuis le 30 octobre 2001, Ousmane Masseck Ndiaye, qu’il s’agit. Bombardé secrétaire général de la présidence de la République dès l’arrivée de son mentor au pouvoir, Ousmane Masseck avait d’autant plus surpris en s’installant à ce poste sensible qu’il venait de passer, dans le plus total anonymat, une dizaine d’années à la Poste sénégalaise. Il en était d’ailleurs devenu le directeur des approvisionnements et marchés. « Beaucoup de Sénégalais ont été étonnés de me voir occuper ce fauteuil-là. Sans doute ignoraient-ils que je suis un pur produit du Parti démocratique sénégalais, où je milite depuis 1975. »
Au lendemain des élections législatives du 29 avril 2001, Ndiaye, élu député, quitte la présidence de la République pour l’Assemblée nationale. Il en devient l’un des vice-présidents, avant de rejoindre le gouvernement, à peine quelques semaines après les attentats du 11 septembre. Le monde a mal à son tourisme, mais la destination Sénégal n’en souffre pas. De 2001 à 2002, le nombre de touristes accueillis dans le pays passe d’environ 453 000 à près de 600 000. Un engouement à entretenir.
Début mars, de passage à Paris à l’occasion du Salon mondial du tourisme, Ousmane Masseck Ndiaye a tenu à en faire part à Jeune Afrique/l’intelligent. Il connaît l’hebdomadaire qu’il lit depuis ses années d’étudiant, mais n’avait pas encore visité ses locaux. Au journal, il a expliqué que son « objectif est d’atteindre le chiffre de 1,5 million de touristes en 2010. Nous y allons étape par étape. L’idéal serait d’accueillir le million de visiteurs dans trois ans. » La barre est placée haut, mais le ministre entend mettre les atouts de son côté. Dans la capitale française, il a multiplié les contacts, rencontré des investisseurs suisses, des producteurs d’émissions télévisées, des syndicats d’agences de voyage…
Une véritable opération marketing qui s’est achevée par une conférence de presse-dîner au restaurant Jokko, situé dans le 3e arrondissement de Paris. Pourquoi Paris ? « Parce que, répond Ousmane Masseck Ndiaye, environ 50 % des touristes qui visitent le Sénégal viennent de France. Mais nous visons aussi d’autres pays comme l’Italie, l’Allemagne, le Portugal et les États-Unis. » L’enjeu est important, car le secteur a rapporté en 2001 près de 103 milliards de F CFA et représente – après la pêche – la deuxième source de devises du Sénégal. D’où la nécessité de développer ses capacités. Notamment dans la région de Thiès, la première destination touristique du pays qui a enregistré en 2001 plus de 729 000 nuitées. Grâce notamment à la station balnéaire Saly Portudal de Mbour et à l’attrait de la Petite Côte, une zone en pleine expansion qu’il convient d’aménager et de protéger. « À Mbour, nous devons surtout mener une lutte farouche contre le tourisme sexuel dont la presse sénégalaise s’est fait l’écho ces dernières semaines. Autant il nous faut tout faire pour que le maximum de touristes visitent le Sénégal, de même nous devons rester vigilants sur les effets négatifs du tourisme. »
L’autre priorité reste liée à la quiétude des touristes eux-mêmes : « Beaucoup d’entre eux se plaignent du harcèlement dont ils font l’objet dans les rues de Dakar de la part des marchands ambulants. Les agents de la police municipale et nationale veillent au grain, mais nous réfléchissons à la création d’une police touristique de proximité. » Mais le plus dur sera de faire en sorte que « la Casamance redevienne une destination privilégiée ». Certes, Ziguinchor, avec près de 111 121 nuitées en 2001, demeure une des régions les plus visitées du pays. Mais ce chiffre était de 114 317 en 2000, soit une baisse de 2,8 %, à cause de la rébellion qui sévit dans la province méridionale. Il est quasiment impossible de s’y rendre par la route, et l’avion n’est pas encore, loin s’en faut, accessible à tout le monde. Et pour ne rien arranger, le bateau qui reliait Dakar à la Casamance gît au fond de la mer depuis le 26 septembre 2002…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires