Opulentes funérailles

Le musée Dapper propose un itinéraire artistique à travers le Ghana.Voyage chronologique des bijoux akans aux cercueils gas.

Publié le 2 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Quand on pousse la porte du musée Dapper, l’un des seuls à proposer exclusivement des expositions sur l’Afrique à Paris, on s’attend à découvrir des mondes oubliés, des statuettes vieilles de plusieurs siècles et des richesses inconnues. Avec « Ghana, hier et aujourd’hui », inaugurée le 6 mars, jour anniversaire de l’indépendance du pays de Nkrumah, les espérances du visiteur ne sont pas déçues.
L’exposition, qui se prolonge jusqu’au 13 juillet, propose un parcours original, depuis les richesses anciennes des royaumes akans jusqu’à l’art contemporain ghanéen. Un chemin chronologique qui permet de découvrir un pays encore peu connu en France.
Coincé entre la Côte d’Ivoire, le Togo et le Burkina, le Ghana, ancienne colonie britannique, n’a guère attiré la curiosité des Français ni des francophones. Pourtant, la civilisation de ses puissants rois n’a rien à envier à celle de ses voisins. Bien au contraire.
Dans la grande salle, au rez-de-chaussée du musée, le clinquant des bagues, des colliers et des pendentifs en or dispute la vedette aux portraits en terre cuite des morts illustres. Certains remontent au XVIIe siècle. L’ethnie la plus riche du Ghana, les Ashantis – qui appartiennent au groupe des Akans -, originaires de la région de Kumasi à l’ouest du pays, enterre toujours ses morts dans le luxe et l’opulence. Civilisation de l’or, abondant dans les sous-sols de la région, les Ashantis en ont compris le pouvoir lors de leurs guerres contre les Européens. Sandales et calottes ornées de bijoux, tabourets royaux recouverts d’une fine pellicule du métal précieux, tout est exposé au musée Dapper. Les prêts proviennent du National Museum d’Accra, du département d’archéologie de l’Université de Legon et du palais Manhyia de Kumasi.
Si la plupart des objets, retrouvés par les archéologues ou conservés par les Akans, étaient destinés aux funérailles, il en existe aussi qui servaient au commerce de l’or. Pour mesurer les quantités de poudre aurifère nécessaires à la conclusion d’un marché, les Ashantis fabriquaient des poids, selon la technique de la fonte à cire perdue. Statuettes de personnages en action ou d’animaux, ces poids renvoient à des principes de sagesse populaire ou à la vie quotidienne, et nous lèguent l’image quasi intacte d’un commerce séculaire.
Au premier étage, l’exposition nous ramène à la réalité contemporaine du Ghana. Toujours influencés par la religion, omniprésente au Ghana, les artistes s’inspirent de l’histoire de leur pays. On peut observer des pièces spécifiques de l’art ghanéen : les cercueils décorés des Gas, l’ethnie d’Accra. Depuis les années cinquante, les créations de ces jeunes artistes ont fait le tour du monde. Dans un des cimetières de la région, des vélos, des bouteilles de Coca, des sculptures d’objets appréciés par les défunts trônent au- dessus des pierres tombales.
Placée sous le patronage de l’ambassade du Ghana en France, l’exposition a donné lieu à l’édition de Ghana, hier et aujourd’hui, un livre illustré, bilingue français-anglais. s

Musée Dapper, 35, rue Paul-Valéry, 75116 Paris. Tél. : (+ 33) 1 45 00 01 50

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