Kyoto fait un flop

Malgré la bonne volonté des représentants de 182 pays, le III e Forum mondial n’a débouché sur aucune avancée concrète.

Publié le 2 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

«Cent nouveaux engagements ont été pris ! » clamait le communiqué de presse publié à l’issue du IIIe Forum mondial sur l’eau, qui s’est déroulé à Kyoto, au Japon, du 16 au 23 mars. Pris certes, mais surtout pas chiffrés. À quoi bon, du reste, budgétiser leur mise en place puisque aucune enveloppe n’a été débloquée ?
Malgré la présence des représentants de 182 pays, qui ont travaillé lors de 351 sessions différentes sur 38 sujets en rapport avec l’eau, aucune avancée concrète n’est sortie de cette grand-messe. Vingt-quatre mille scientifiques, ministres, privés et membres d’organisations non gouvernementales ont pourtant eu tout le loisir de discourir sur les pénuries à venir – entre 2 milliards et 7 milliards d’humains pourraient manquer d’eau en 2050 -, sur les moyens à mettre en place pour mieux répartir les richesses, et sur l’objectif instauré par les Nations unies, à savoir réduire de moitié le nombre de personnes manquant d’eau d’ici à 2015.
Sur la lancée du Sommet de la Terre, qui s’est tenu à Johannesburg en juillet dernier, tout semblait possible. Mais le déclenchement de la guerre en Irak a inversé l’ordre des priorités, même si un responsable du secrétariat du Forum s’était empressé d’assurer les futurs participants que la manifestation était maintenue, le problème de l’eau dans le monde étant de la « plus grave importance », au moins aussi grave que l’avenir du Moyen-Orient.
Mais cette « priorité cruciale » a tout de même pâti de l’humeur belliqueuse de George W. Bush : les ministres de l’Environnement de la planète, réunis à Kyoto les deux derniers jours du sommet, sont venus sans crédits dans leurs bagages. Même le président français Jacques Chirac, qui s’était posé, à Johannesburg, comme le chantre du développement durable a annulé son déplacement japonais au dernier moment, tandis que le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, dont la présence avait été annoncée, ne s’est manifesté qu’à travers des communiqués de presse en provenance de New York.
De son côté, Attaher Ag Mohamed, conseiller technique chargé de l’eau au Mali, n’a eu de cesse de répéter que « rien n’avait bougé depuis le Sommet de la Terre, et qu’il y avait un manque d’engagement financier pour résoudre les problèmes de salubrité et de gestion de l’eau ». Pourtant, l’enjeu est de taille. Plus de 1 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, 2 milliards manquent d’assainissement adéquat, et 7 millions meurent chaque année de maladies liées à l’insalubrité de l’eau. Et la pénurie guette les pays qui n’ont évidemment pas les ressources suffisantes pour mettre en place des moyens efficaces d’extraction ou de traitement de l’eau : ainsi, en Afrique, les eaux usées ne sont jamais retraitées. En Europe, elles le sont à 66 %, et en Amérique du Nord, à 90 %.

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