Harcèlement psychologique
Publié le 2 avril 2003 Lecture : 1 minute.
Pendant toute l’année 2002 et les deux premiers mois de 2003, la CIA a consacré pas moins de 200 millions de dollars aux tentatives de déstabilisation interne du régime de Saddam Hussein, préalables à l’assaut final sur l’Irak. Vingt et un millions de tracts en arabe ont ainsi été largués par avion au-dessus du territoire irakien, des groupes clandestins d’opposition ont été financés et des agents de la CIA se sont infiltrés à l’intérieur du pays dès juin 2002. Les Américains se sont également livrés à un véritable harcèlement téléphonique et électronique – via le réseau Internet – auprès d’une centaine de généraux de l’armée irakienne et de cadres du parti Baas. Travaillant à partir d’un programme spécifique élaboré par le Pentagone, lequel a dressé le profil psychologique de toutes les personnalités civiles et militaires irakiennes et cerné leurs motivations fondamentales (patriotisme, peur, argent, degré de loyalisme à l’égard du pouvoir, etc.), les hommes de George Tenet ont directement contacté celles qui leur semblaient les plus susceptibles de trahir et de faire défection. Les services secrets jordaniens, saoudiens et égyptiens ainsi que les opposants en exil ayant obligeamment fourni à la CIA les numéros de téléphone (fixe et portable), les adresses électroniques et les adresses tout court de ces « cibles », ces dernières ont été bombardées de messages et d’appels les incitant à se rendre, à fuir ou à tenter un coup d’État. En échange, ces personnalités – parmi lesquelles, dit-on, se trouvait le vice-Premier ministre Tarek Aziz – se sont vu promettre une « planque » sûre pour elles et leur famille en attendant la fin de la guerre, ainsi qu’un rôle dans le futur gouvernement de l’Irak « libéré ». De l’aveu même des agents américains qui l’ont menée, cette opération psychologique s’est soldée par un échec massif. Une demi-douzaine de responsables irakiens sans valeur opérationnelle auraient montré quelque intérêt pour ces propositions – sans qu’aucun n’ose franchir le pas.
