Du bon usage des élections

Comment ancrer le respect du suffrage universel dans les moeurs africaines ? Des experts ont planché, à Lomé…

Publié le 2 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Depuis 1990, l’Afrique a connu dix-sept coups d’État. Et vingt-trois pays sont actuellement le théâtre d’un conflit. Dans la majorité des cas, cette instabilité est la conséquence d’une contestation violente de la légitimité des pouvoirs en place. C’est pour tenter de sortir de cet engrenage fatal qu’un forum a été organisé du 24 au 26 mars, à Lomé, à l’initiative du Réseau international pour la supervision des élections en Afrique (Risela) et sous le patronage du gouvernement togolais. Venus d’une vingtaine de pays africains, les participants ont donc débattu, trois jours durant, des « Processus électoraux en Afrique ». Symbole plus qu’anecdote : leurs travaux ont démarré deux jours après l’arrivée dans la capitale togolaise d’Ange-Félix Patassé, le président centrafricain chassé du pouvoir par un coup d’État militaire. Des membres de son entourage ont d’ailleurs approché les organisateurs en vue de participer aux travaux. Ils souhaitaient apparemment utiliser le forum comme une tribune pour défendre leur cause. Une fin de non-recevoir leur a été opposée.
L’opposition togolaise était également absente. « Nous ne cherchons pas à transformer la rencontre en tribune, ni à susciter des règlements de comptes, commente l’ambassadeur Falilou Kane, président du Risela. Notre objectif transparaît dans le choix de nos invités : des présidents de Commissions électorales, des fonctionnaires de divers ministères de l’Intérieur, des organismes de supervision ou d’observation, des experts ayant supervisé des consultations pour le compte de l’ONU… Il s’agit de dialoguer librement, entre Africains, pour trouver une réponse à cette question : comment réussir à banaliser les élections sur le continent ? »
Kane ne cache pas son ambition : parvenir à ce que les Africains prennent eux-mêmes en charge l’organisation des consultations. Et que leur supervision soit prise en charge par des organisations continentales chapeautées par l’Union africaine. L’ennui est que, dans la quasi-totalité des cas, l’organisation des élections est financée par des bailleurs de fonds étrangers, qui s’arrogent du même coup un droit de regard sur leur déroulement.
1990 a été pour la démocratie en Afrique ce que 1960 fut aux indépendances. Partant de ce constat, les participants ont mis en évidence une sérieuse difficulté, presque une contradiction : comment asseoir la démocratie dans un pays sans remettre en cause son unité ? Au sortir de la rencontre, ils ont présenté une série de recommandations concernant le processus électoral dans son ensemble, de l’inscription sur les listes jusqu’à la proclamation définitive des résultats, l’objectif étant de faire en sorte que la dévolution du pouvoir se déroule sans trop de heurts. Tout cela est bel et bon, mais il y a souvent loin, hélas ! de la théorie à la pratique.

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