Driss Benhima, cap au Nord

L’ancien wali de Casablanca a été nommé par le roi directeur de l’Agence de développement des provinces du Nord. Un poste stratégique.

Publié le 2 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Driss Benhima (49 ans) n’est plus wali de la région du Grand-Casablanca depuis le 26 mars : Mohammed VI vient en effet de le nommer directeur général de l’Agence pour la promotion et le développement des provinces et préfectures du Nord, plus communément appelée Agence du Nord. Mohamed Drief, son successeur à Casa, est un cadre du ministère de l’Intérieur, un « sécuritaire » qui a survécu à l’ère Driss Basri, l’ancien super-ministre brutalement remercié par « M6 », au début de son règne.
Nommé par le roi lors de la vague des « techno-walis », en juillet 2001, Benhima s’est attelé, durant deux ans, à réorganiser d’une main ferme l’espace de la capitale économique du royaume : refonte du trafic des bus, durcissement de la législation pour les cafetiers dont les terrasses envahissaient indûment les trottoirs, respect strict des horaires de fermeture des bars… Apprécié ou critiqué, il ne laisse personne indifférent. Son passage à Casa a suscité un certain tollé.
Hyperactif et fourmillant d’idées, Benhima ne tient pas en place. Ingénieur diplômé de Polytechnique et des Mines, les prestigieuses grandes écoles parisiennes, et fils d’un ancien Premier ministre, il a débuté sa carrière, en 1978, au sein de l’Office chérifien des phosphates (OCP) en tant qu’ingénieur d’exploitation dans une mine à ciel ouvert, à Sidi Daoui. En 1990, il fait un détour par le secteur privé avant de revenir dans le public, en mars 1994 : Hassan II le bombarde à la tête de l’Office national d’électricité. Le 13 août 1997, il est nommé ministre des Transports, de la Marine marchande, du Tourisme, de l’Énergie et des Mines, portefeuille pléthorique qu’il conservera jusqu’à l’avènement du premier gouvernement d’alternance, en mars 1998, dirigé par le socialiste Abderrahmane Youssoufi.
Hassan II le charge ensuite de diriger la candidature marocaine à l’organisation de la Coupe du monde de football, en 2006. C’est un échec : le 6 juillet 2000, la Fifa accorde sa préférence à l’Allemagne. Un an plus tard, cela n’empêche pas Mohammed VI de le nommer « président-délégué chargé de présenter la candidature du Maroc » pour la Coupe du monde de 2010. Il cumulera désormais ce poste avec celui de directeur général de l’Agence du Nord.
Ladite agence, dont le siège se trouve curieusement à Rabat, a pour mission de piloter le développement économique et social des provinces septentrionales. Depuis sa création, en 1997, elle a été dirigée par Hassan Amrani, que le roi a nommé, le 11 décembre dernier, wali de la région de Rabat et gouverneur de la préfecture de la capitale. Depuis, le poste était resté vacant.
Plus que toute autre région du royaume, le Nord est gangrené par la corruption, les mafias en tout genre, la contrebande – qui fait vivre des milliers de familles – et, bien entendu, par la culture du cannabis, omniprésente dans les montagnes du Rif. En plus de la promotion de l’investissement privé, l’un des principaux objectifs de l’Agence est l’éradication – ni plus, ni moins – de cette culture. Le Maroc est le premier exportateur mondial de cannabis et le premier fournisseur du marché européen. Se refusant à tout commentaire, Benhima se déclare, pour l’instant, « en vacances », car, explique-t-il, « cela fait de longues années que je n’en ai pas pris ». Il risque d’en avoir besoin.

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