Dernier thé avec Oudaï
Publié le 2 avril 2003 Lecture : 1 minute.
Le président kalmouk Kirsan Ilyumzhinov a sans doute été le dernier étranger à rencontrer un membre de la famille du raïs. Ami de Saddam depuis une dizaine d’années, ce leader passablement excentrique d’une république des bords de la mer Caspienne, qu’il gouverne d’une main de fer, se trouvait à Bagdad à la tête d’une délégation de religieux pacifistes russes lorsqu’il a été invité à prendre le thé chez Oudaï, le fils aîné de Saddam. Convoqué à 5 heures du matin en ce mardi 18 mars, Ilyumzhinov s’est entretenu en anglais pendant deux heures avec Oudaï : « Ni moi, ni mon père, ni mon frère ne quitterons ce pays, lui a-t-il dit. Nous défendrons l’Irak jusqu’au bout, si Dieu le veut. » Pendant toute la conversation, Oudaï n’a jamais cessé de pianoter sur le clavier de son ordinateur, à la recherche des dernières dépêches d’agence : « Regardez ! C’est extraordinaire ! Le monde entier est contre la guerre ! » Sur une table basse s’étalent des dizaines de journaux anglo-saxons : le Washington Post, Time, le Guardian, Newsweek… De manière assez surréaliste, les deux hommes parlent de l’après-guerre, du grand tournoi d’échecs pour les jeunes du monde entier qui doit être organisé à Bagdad en juillet prochain et des piètres performances de l’équipe kalmouke de football. À 39 ans, Oudaï a donné à son interlocuteur l’impression de s’être assagi : « Il est calme, serein. Très poli aussi. Il parle anglais et français. Avant de prendre congé, il m’a donné rendez-vous pour une partie d’échecs au bord de l’Euphrate, quand la guerre sera finie. Puis il m’a demandé où et comment il pourrait me joindre en cas d’urgence. » Interrogé sur la réputation, pour le moins détestable, qui est celle d’Oudaï, Ilyumzhinov assure qu’il ne sait rien : « Peut-être se livre- t-il à quelques tortures pendant ses moments libres », concède-t-il, avant de reconnaître avoir été impressionné par le gigantesque tableau qui orne le bureau du fils de Saddam : Hercule étranglant un lion.
