Accra « versus » Cotonou

Publié le 2 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

La voiture roule à 80 km à l’heure, zigzague entre les motos et dépasse les camions. À gauche, j’aperçois les plages de sable fin et l’eau turquoise de l’océan Atlantique, à droite, les vendeurs sur le bas-côté et les villages au loin. De Cotonou à Lomé, le périple dure trois heures, y compris une petite halte aux douanes béninoise et togolaise. Longer la côte au rythme de la circulation est le moment privilégié… L’esprit vagabonde et les yeux absorbent les couleurs et la lumière du jour finissant. Quand, tout à coup, alors que la torpeur commence à s’emparer des corps, une lagune verte et bleue surgit à droite. Des maisons sur pilotis, des roseaux qui émergent de l’eau : une vision de paradis à quelques encablures de la frontière togolaise.
Voilà donc la différence, celle que je cherchais depuis mon départ de Cotonou. Le golfe de Guinée n’est finalement pas aussi uniforme qu’il paraît au premier abord. Deux semaines exactement avant de prendre la route Cotonou-Lomé, j’avais effectué le trajet Accra-Cape Coast, au Ghana, à 150 kilomètres de la Côte d’Ivoire. Des palmiers battus par les vents, le même sable, la même mer, avec cette barre qui fait rouler les vagues hautes comme trois hommes sur le rivage…
Mais le Bénin n’a pas les châteaux séculaires de son proche voisin anglophone, et le Ghana ne peut revendiquer les calmes attributs qui font du Bénin le « pays lacustre » d’Afrique de l’Ouest. Non, décidément, ces deux pays, séparés seulement par le Togo, ne se ressemblent pas.
À Cotonou, les zemidjans, vieilles motos japonaises nourries d’essence frelatée provenant du Nigeria, transportent les passagers d’un bout à l’autre de la ville et permettent d’éviter les éternels embouteillages, notamment autour du vieux pont. Du coup, dès le matin, une épaisse fumée bleue étouffe les piétons et pollue la ville. À Accra, aussi, les rues sont bloquées très tôt le matin par les innombrables voitures. Mais on ne voit pas de motos (ou très peu).
Un monde sépare Accra et Cotonou, qu’on perçoit au premier coup d’oeil sans vraiment se l’expliquer. Est-ce l’héritage colonial, britannique pour l’une et français pour l’autre ? Difficile à dire. Mais, malgré la propreté de la capitale ghanéenne et la retenue polie et agréable de ses habitants, Cotonou « la polluée » m’a mieux accueillie.
La différence n’est pas seulement linguistique, elle se lit aussi dans les regards et se sent dans les poignées de main. À Accra, le respect mutuel est de mise ; à Cotonou, c’est la sympathie qui domine. À chacun ses préférences. Et quoi qu’il en soit, le voyageur ne pourra qu’admirer les paysages splendides qu’offrent ces deux villes d’Afrique de l’Ouest, si peu fréquentées par les touristes.

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