Cameroun : la loi de finances 2018 amendée pour se conformer aux « recommandations » du FMI
Paul Biya a signé en début de semaine une ordonnance qui modifie la loi de finances 2018, la mettant en cohérence avec les recommandations du FMI pour le pays. Conséquence : un budget en légère hausse de 3,8 % et de nouveaux emprunts internationaux.
Le Cameroun vient de modifier son budget 2018 suite à une visite du FMI. Datée du 4 juin, l’ordonnance présidentielle modifiant et complétant la loi de finances 2018 est en ligne avec les recommandations du FMI, dont une équipe a effectué une mission dans le pays du 27 avril au 14 mai.
Premier enseignement : le budget est augmenté 3,8 %, passant de 4 513,5 milliards de franc CFA (6,9 milliards d’euros) à 4 689,5 (7,1 milliards d’euros).
Hausse de la dette
Du côté des recettes, le nouveau budget anticipe des revenus pétroliers plus importants que le précédent, en s’appuyant sur la remontée du prix du baril, pour passer de 387 milliards de FCFA à 469 milliards (+ 16,6 %). Les recettes fiscales progressent également de 67 milliards, principalement du fait d’une amélioration espérée des revenus provenant de la taxe sur la valeur ajoutée et le chiffre d’affaires (+ 5,2 %).
Si le gouvernement prévoit une baisse des appuis budgétaires des partenaires de développement (- 3,7 %, soit 13 milliards de CFA de moins que dans le budget 2018 initial), l’endettement domestique va en revanche progresser de 11,2 %.
L’ordonnance autorise néanmoins l’État camerounais « à négocier et éventuellement conclure […] des emprunts concessionnels et non concessionnels de montants globaux respectivement de 245 milliards de francs CFA [376,5 millions d’euros] et de 436 milliards de francs CFA [664,7 millions d’euros] ».
La hausse des dépenses (« charges ») viendra alimenter le ministère de la Décentralisation et le Conseil constitutionnel – ces deux structures venant d’être constituées – au dépend du ministère de l’Administration territoriales. Le pays va également accélérer le remboursement de la dette publique intérieure et accroître ses subventions aux établissements publics.
En ligne avec le FMI
Dès décembre 2017, le FMI écrivait : « Pour préserver la viabilité de la dette, les nouveaux emprunts non concessionnels devront être strictement limités et réservés aux projets qui produiront de solides résultats sur le plan social et sur celui de la croissance. Une action plus soutenue pour améliorer la gestion des finances publiques et de la dette s’impose pour accroître l’efficience de la dépense et maîtriser les risques budgétaires. »
Le 18 mai dernier, l’institution assurait qu’une révision du budget 2018 était en cours afin de tenir compte des dépenses imprévues dues au coût croissant des subventions énergétiques et des dépenses de sécurité. En conséquence le déficit public va légèrement s’accroître pour atteindre 2,6 % du PIB contre 2,3 % prévus initialement.
Le Fonds recommande notamment « d’élargir l’assiette de l’impôt pour atteindre le potentiel fiscal du pays et réduire le recours à l’endettement pour exécuter les plans ambitieux du gouvernement en matière de développement des infrastructures ». L’organisation internationale invite également les autorités à éliminer l’accumulation importante de créances contractées mais non encore décaissées.
Le Cameroun est entré dans un programme FMI d’un montant de 683,5 millions de dollars en juin 2017, dans le cadre d’un accord de facilité élargie de crédit. La première revue du programme a été achevée en décembre 2017, avec le versement de 117,2 millions de dollars. Le Conseil d’administration pourrait examiner la deuxième revue en juin-juillet 2018.
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