Libye : premières sanctions de l’ONU contre des trafiquants de migrants

Le Conseil de sécurité a sanctionné jeudi 7 juin six chefs de réseaux de trafiquants de migrants actifs en Libye. Ce processus qui représente une première pour l’ONU avait été retardé par une demande de précisions de la Russie, selon des diplomates.

Des migrants après leur sauvetage en Méditerranée par Proactiva Open Arms,  en mai 2018 au large de la Libye. © Felipe Dana/AP/SIPA

Des migrants après leur sauvetage en Méditerranée par Proactiva Open Arms, en mai 2018 au large de la Libye. © Felipe Dana/AP/SIPA

Publié le 8 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Les sanctions du Conseil de sécurité qui consistent au gel de comptes bancaires et à une interdiction de voyager, visent deux Érythréens, Ermias Ghermay et Fitiwi Abdelrazak, ainsi que quatre Libyens, Ahmad Oumar al-Dabbashi, Musab Abu-Qarin, Mohammed Kachlaf et Abd al Rahman al-Milad, le chef d’une unité de garde-côtes.

Cette décision a été possible, grâce à la « levée des réserves de la Russie sur la proposition des Pays-Bas d’inclure ces six individus sur une liste de personnes sanctionnées », a indiqué un diplomate. Ces mesures  » s’appliquent immédiatement », a-t-il précisé.

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Le 8 mai, la Russie avait suspendu le processus en demandant des précisions sur ces désignations, réclamant notamment un partage des « preuves abondantes », évoquées dans des documents de l’ONU, venant de « sources de confiance » et qui accusaient ces six individus. Moscou avait aussi relevé que des documents parlaient de réseaux « s’étendant à plusieurs pays européens et aux Etats-Unis », s’interrogeant sur la pertinence de sanctionner six individus africains sans remonter ces réseaux.

Neutraliser les filières

Selon un diplomate s’exprimant sous couvert de l’anonymat, des sanctions contre des trafiquants de migrants représentent une « première » pour le Conseil de sécurité. L’objectif de cette désignation d’individus est de neutraliser des filières ayant été jusqu’à vendre des migrants sur des marchés d’esclaves en Libye, a-t-il ajouté.

Un autre diplomate a souligné que la décision prise jeudi par le Conseil de sécurité, plus que de s’en prendre aux actifs des individus sanctionnés, avait une valeur dissuasive. « C’est un signal important » contre les responsables étatiques qui soutiennent ces trafics et contre les trafiquants eux-même, a-t-il estimé.

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, s’est aussitôt félicitée de ces sanctions jeudi.

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Il n’y a pas de place dans notre monde pour de telles atteintes aux droits de l’Homme et à la dignité humaine

« L’automne dernier, des images de migrants vendus comme esclaves en Libye avaient choqué nos consciences et le Conseil de sécurité s’était engagé à entrer en action. Les sanctions d’aujourd’hui envoient un message clair sur l’unité de la communauté internationale (autour du fait de) chercher à sanctionner les auteurs et réseaux de trafics d’êtres humains », a-t-elle dit dans un communiqué. « Il n’y a pas de place dans notre monde pour de telles atteintes aux droits de l’Homme et à la dignité humaine », a-t-elle ajouté.

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Fin 2017, un documentaire choc de la chaîne CNN montrant des migrants africains vendus comme des esclaves avait provoqué l’indignation internationale. En mars, la justice libyenne avait annoncé l’émission de plus de 200 mandats d’arrêt contre des trafiquants libyens et étrangers impliqués dans un réseau d’immigration clandestine vers l’Europe.

Dans un document confidentiel remis début février au Conseil de sécurité, des experts de l’ONU avaient estimé que le trafic d’êtres humains était en augmentation en Libye.

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