Ghana : la fédération de football va être dissoute après des révélations de corruption

Le gouvernement du Ghana a annoncé jeudi qu’il avait « décidé de prendre des mesures immédiates » pour dissoudre la fédération ghanéenne de football, après les révélations explosives d’une enquête journalistique sur la corruption de dirigeants et d’arbitres.

Kwesi Nyantakyi, président de la fédération de la Ghana Football Association. © Christian Thompson/AP/SIPA

Kwesi Nyantakyi, président de la fédération de la Ghana Football Association. © Christian Thompson/AP/SIPA

Publié le 8 juin 2018 Lecture : 3 minutes.

Le gouvernement « a décidé de prendre des mesures immédiates pour la dissolution de la fédération ghanéenne de football », en raison de « la nature massive de la corruption présumée », a déclaré jeudi soir le ministre de l’Information, Mustapha Abdul-Hamid.

Dans un documentaire explosif présenté mercredi 6 juin à Accra, des journalistes d’investigation affirment, images à l’appui, que le président de la fédération de football du Ghana est impliqué dans plusieurs délits de corruption présumés mettant en jeu des millions de dollars de pots-de-vin.

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Le ministre de l’Information a ajouté que les membres du gouvernement étaient « choqués et indignés » par le documentaire, « qui dévoile des irrégularités profondes dans la gestion de la fédération ».

« Le gouvernement veillera à ce que les réformes nécessaires soient mises en oeuvre de manière urgente pour assainir la gouvernance du football dans le pays », a-t-il promis, promettant des mesures provisoires pour gérer la fédération dans l’attente de la formation d’une nouvelle direction.

« Aucune tentative de protéger des membres »

La fédération ghanéenne de football s’était dit plus tôt dans la journée prête à « prendre des mesures immédiates » pour lutter contre la corruption, affirmant prendre « très au sérieux » ces accusations. « La fédération tient à faire savoir qu’il n’y aura aucune tentative de dissimuler ou de protéger les membres qui seraient impliqués dans des actes de corruption », avait-elle ajouté.

Kwesi Nyantakyi, président de la Ghana Football Association (FA Ghana), est piégé par des journalistes se faisant passer pour des « investisseurs » potentiels à qui il fait miroiter de juteux contrats, dans le film « Number 12 », présenté en avant-première au Centre international de conférence d’Accra, où étaient présents de nombreux diplomates et responsables politiques.

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Plusieurs dirigeants de la fédération et arbitres sont également filmés recevant des pots-de-vin pour influencer la sélection de joueurs ou truquer l’issue de certains matchs de première ligue.

L’accord en discussion devant la caméra porte sur 5 millions de dollars par an pendant cinq ans

Ce documentaire est le résultat d’une enquête de deux ans menée par un journaliste infiltré (et son équipe), Anas Aremeyaw Anas, connu au Ghana pour avoir révélé de nombreuses affaires de corruption ou d’abus de pouvoir dans le pays.

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Menaces de mort

On y voit notamment Kwesi Nyantakyi proposer à de supposés investisseurs financiers (en fait des journalistes) de lui verser 11 millions de dollars pour leur faciliter l’accès à des personnalités clés du gouvernement ghanéen, dans l’espoir d’obtenir d’importants contrats dans les domaines de l’agriculture, de la construction et du pétrole.

L’accord en discussion devant la caméra porte sur 5 millions de dollars par an pendant cinq ans et prévoit des rétro-commissions de 20 à 25% payées par la fédération à Kwesi Nyantakyi et ses partenaires via la société Namax.

Anas Aremeyaw Anas, qui a déjà enquêté sur plusieurs scandales de corruption, notamment dans le système judiciaire, a affirmé avoir reçu des menaces de mort en rapport avec son enquête sur le football ghanéen.

Fin mai, la police ghanéenne avait ouvert une enquête sur des allégations de corruption à l’encontre du président de la fédération de football. Elle faisait suite à une plainte du chef de l’État Nana Akufo-Addo – basée sur l’enquête du journaliste – selon laquelle Kwesi Nyantakyi avait utilisé « frauduleusement le nom et le bureau du Président » pour des affaires personnelles. Ce dernier a été interrogé et relâché en attendant la poursuite de l’enquête.

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