Trois questions à… Hassan Legzouli

Publié le 31 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Hassan Legzouli est né voilà une quarantaine d’années à Aderj, un petit village du Moyen-Atlas marocain où il a tourné ses deux premiers films. Petit, il dévorait Sciences et Vie et rêvait de devenir chercheur. C’est dans cet objectif qu’il débarque en France au début des années 1980, mais entretemps il attrape le virus du cinéma. Après un court-métrage, Quand le soleil fait tomber les moineaux, son premier long-métrage, Tenja, sort le 2 février à Paris. Le film a déjà obtenu le Grand Prix de la francophonie et le Prix spécial du jury au festival d’Amiens.

Jeune Afrique/l’Intelligent : D’où vous est venu ce mystérieux titre, Tenja ?
Hassan Legzouli : En arabe, « ten ja » signifie : « La terre est là, la terre est revenue ». C’est le cri qu’a poussé Noé au milieu du déluge, en voyant une colombe se poser sur son arche avec de la glaise sur les pattes. D’après les Tangérois, leur ville tirerait son nom de cette légende. Le titre du film associe donc Tanger, premier contact de Nordine avec le Maroc, et la symbolique du retour du corps du père : « Poussière tu es, et à la poussière tu retourneras. »
J.A.I. : Comment est né ce film ?
H.L. : Plusieurs éléments se sont conjugués pour lui donner naissance. Tout d’abord, je rêvais de peindre, par le biais d’un scénario sur l’émigration, deux régions qui me tiennent à coeur, le nord de la France et le Moyen-Atlas marocain. Pour des raisons personnelles, je me suis beaucoup intéressé à la vie des mineurs maghrébins en France. Puis la lecture d’une nouvelle, Le Fou des roses de Mohamed Choukri, à qui d’ailleurs ce film est dédié, m’a inspiré le personnage de Mimoun. Enfin, un jour, un ami m’a raconté les difficultés qu’il avait dû surmonter pour faire enterrer son père au Maroc.
J.A.I. : On a l’impression que la mort du père n’est qu’un prétexte pour montrer les travers du Maroc et ceux qu’il laisse en marge.
H.L. : Non, pas tout à fait. La pierre angulaire du film, c’est la relation qu’entretient Nordine avec son père. Mais, en même temps, je ne voulais pas focaliser dramatiquement sur la mort, d’autant plus que c’est à cette occasion que Nordine retrouve vraiment son père. La mort apparaît plutôt comme une continuité. Cette façon de procéder confère au film une dimension poétique, à mes yeux plus importante que sa portée sociologique et politique.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires