Côte d’Ivoire : le gouvernement repousse à 2020 son objectif d’autosuffisance en riz

Grâce à un prêt de 30 millions de dollars auprès d’EximBank of India, Yamoussoukro pense amener la production nationale de riz à 1,96 million de tonnes en 2020. Une telle production serait synonyme d’autosuffisance, un objectif initialement fixé à 2016. Encore faut-il assurer la compétitivité de la production locale face aux importations.

Séchage traditionnel du riz dans la région de Bouaké, Côte d’Ivoire. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Séchage traditionnel du riz dans la région de Bouaké, Côte d’Ivoire. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Publié le 8 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Le gouvernement ivoirien a réajusté ses objectifs d’autosuffisance en production de riz, initialement fixés à 2016. Ce devrait finalement être l’année 2020 qui verrait l’aboutissement de la stratégie élaborée en 2012.

Pour booster sa production, la Côte d’Ivoire va pouvoir compter sur l’aide de l’Inde, qui vient de lui octroyer une ligne de crédit de 30 millions de dollars via Exim Bank of India, pour financer l’installation et l’acquisition d’équipements pour 30 unités de production de riz blanchi dans le pays. « Chaque unité sera dotée d’une capacité de 25 000 tonnes par an. Douze unités sont déjà montées, les dix-huit autres le seront au plus tard le 31 décembre de cette année », a révélé Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement.

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En 2018, la Côte d’Ivoire devrait produire 1,55 million de tonnes de riz blanchi et en importer 1,45 million de tonnes – une partie étant redirigée vers les pays de la sous-région. 250 milliards de francs CFA (381 millions d’euros) sont consacrés à ces importations. En 2020,  la Côte d’Ivoire devrait arriver à une production de 1,96 million de tonnes, pour une consommation nationale estimée à 1,8 million de tonnes.

Un riz local encore cher

Mais encore faudra-t-il que la production nationale trouve des débouchés. « Le riz local est plus cher que le riz importé d’Asie. Sur un même marché, cela devient quasi impossible pour les producteurs locaux », explique un acteur agro-industriel du riz, ajoutant que l’importation est plus rentable pour certains opérateurs qui avaient des engagements avec le gouvernement pour créer des plantations sur place.

Malgré la stratégie incitative du gouvernement, selon les statistiques du département américain de l’agriculture (USDA), les importations ne cessent d’augmenter, passant de 1,25 million de tonnes en 2016 à 1,45 million de tonnes en 2017.

D’autres facteurs sont venus contrer l’ambition gouvernementale de l’autosuffisance. En effet, si Yamoussoukro avait identifié une dizaine de multinationales qui s’étaient engagées à créer des rizières sur plusieurs centaines de milliers d’exploitations à travers tout le pays, la sécurisation foncière a tardé, créant un désintérêt des acteurs. La surface de production a diminué de 27 % pour descendre autour de 1 million d’hectares.

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La production locale est en outre tributaire de la bonne pluviométrie. Or, au cours des dernières années, la rareté des pluies pendant la période de production a impacté négativement la récolte. La non-compétitivité du riz produit localement n’est pas non plus un facteur encourageant pour les entrepreneurs.

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