L’œil de Glez – Mondial 2018 : supporters racistes, insultez, vous êtes filmés !
Des footballeurs qualifiés pour la phase finale de la Coupe du monde et des délégations de supporters redoutent des dérapages racistes pendant les matchs. Les autorités du foot international et du sport russe essaient d’anticiper…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 8 juin 2018 Lecture : 2 minutes.
Est-il déconseillé qu’un footballeur professionnel soit accompagné de sa douce moitié, dans les compétitions internationales, les tentations câlines risquant de lui « couper les jambes » ? La question ne se pose pas pour Danny Rose, à quelques jours de la Coupe du monde de football. D’ores et déjà, le latéral gauche anglais a décidé –au grand dam de son père– que sa famille ne l’accompagnerait pas en Russie, « à cause du racisme et des autres choses qui peuvent arriver ». Paranoïaque, le défenseur de Tottenham ?
Un test pour la FIFA
Durant le match amical Russie-France joué le 27 mars dernier, des cris de singe avaient visé les joueurs français Ousmane Dembélé et Paul Pogba. Comme Danny Rose, 70 % des Français redoutent aujourd’hui, selon un sondage du « Baromètre Sport » d’Odoxa, qu’il y ait « une généralisation » des débordements racistes au Mondial 2018.
>>> A LIRE – Racisme dans le foot : « La suspension du Ghanéen Sulley Muntari est une décision aberrante »
L’affaire de l’épopée footballistique française à Saint-Pétersbourg avait fait tant de bruit que la FIFA, après investigation, avait condamné la Fédération russe à verser une amende de 30 000 francs suisses. Un message en forme d’avertissement à moins de quarante jours du Mondial qui débute ce 14 juin.
Dans le même sondage effectué en France, trois Français sur quatre déclarent souhaiter des interdictions de stade à vie prononcées à l’encontre des coupables de débordements racistes et comprendre l’éventuelle décision d’arrêter un match pour motif raciste. Cette dernière hypothèse d’arrêt de match est brandie comme test de « la réelle volonté de la Fifa » par le chantre de la lutte antiraciste, l’ex-international français Lilian Thuram.
Qui criera verra. Si l’ONG FARE (Football Against Racism in Europe) reconnaît que les actes racistes ont tendance à diminuer dans les stades russes, elle a tout de même enregistré 89 incidents autour des matches de football durant la saison 2016-2017.
Traditions racistes
En attendant la réalité de l’ambiance mondialiste, peut-on se consoler avec deux constatations ? Primo, le racisme ne s’exprime pas exclusivement dans le monde du ballon rond. Très prosaïquement, la communauté – fataliste – des étudiants africains de Moscou recommande, toute l’année, à ses membres d’éviter certains quartiers, de ne circuler qu’entre 8 et 17 heures en ville, de ne pas fréquenter les lieux où se rassemblent habituellement les jeunes russes et de se méfier des individus aux allures de skinheads.
La seconde vraie-fausse consolation est que le racisme à prétexte footballistique ne se limite pas à la Russie. Dans les stades de nombreux pays européens, fleurissent les jets de projectiles sur personnes de couleurs, les chants scabreux, les insultes explicites, les pancartes et, bien sûr, le must de la tradition raciste : les indémodables cris de singe et propulsions de bananes qui visent les joueurs noirs ou métis.
Le début de la compétition phare du foot nous dira si la sensibilisation du responsable anti-discrimination de la fédération russe ou la répression de la FIFA intimident les supporters indélicats. Les comportements racistes sont désormais filmés et potentiellement visionnés…
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