Mozambique : les États-Unis mettent en garde contre des « attaques imminentes » dans le nord
L’ambassade des États-unis au Mozambique a déclaré vendredi avoir « des informations indiquant la probabilité d’attaques imminentes » dans le nord du pays, récemment secoué par des attaques meurtrières attribuées à des jihadistes.
« Nous conseillons fortement aux citoyens américains se trouvant dans le siège du district de Palma d’envisager de quitter la zone immédiatement », indique l’ambassade sur son site internet.
Palma, une localité située dans la province de Cabo Delgado (nord), est appelée à devenir un complexe énergétique, d’énormes gisements de gaz ayant été découverts au large de la ville.
Mais la région est le théâtre depuis octobre d’une série d’attaques contre les forces de sécurité et les civils.
Près de 30 personnes ont été tuées dans des attaques à la machette ou au couteau dans des zones rurales, que la police a attribuées à des jihadistes.
Le géant américain du pétrole et du gaz Anadarko a suspendu plusieurs de ses activités dans la région et évacué les employés concernés en lieu sûr, selon une source proche de la société, qui a demandé à garder l’anonymat.
L’ambassade américaine invite aussi ses ressortissants à « reporter leurs visites dans les bureaux gouvernementaux et dans les lieux de vente, y compris les marchés ».
Au moins cinq personnes ont été tuées mercredi soir à coups de machettes et de couteaux dans un village situé à 250 km au sud de Palma, lors de la troisième attaque meurtrière en dix jours attribuée par la police à des islamistes.
La police estime que le même groupe a tué sept civils dans un autre village de la région mardi, après avoir massacré dix personnes à la machette le 27 mai.
Le groupe, connu localement sous le nom d’ »al shabab » – « les jeunes » en langue arabe -, n’a pas de lien connu avec les jihadistes somaliens portant le même nom.
Des renforts policiers et militaires ont été déployés dans la région pour y accroître la sécurité. Malgré cela, les attaques se sont poursuivies.
Le massacre du 27 mai a eu lieu dans deux petits villages proches de la frontière tanzanienne et non loin de Palma.
Une alerte « sérieuse »
Dans la nuit du 5 octobre dernier, des dizaines de jihadistes avaient pris d’assaut le commissariat de police et une caserne de l’armée dans la ville de Mocimboa da Praia, dans la même province du Cabo Delgado.
La police n’avait pu reprendre le contrôle de la ville qu’au bout de deux jours de combats, qui s’étaient soldés par la mort de deux policiers, d’un chef local et de 14 assaillants.
Plus de 300 personnes soupçonnées d’être proches de ce groupe, y compris des Tanzaniens, ont été arrêtées et plusieurs mosquées fermées depuis octobre.
« Ces messages sont typiquement une réponse à des renseignements crédibles. En tant que tel, cet avertissement doit être pris au sérieux », a déclaré Nick Piper, directeur du cabinet de conseil Signal Risk, qui estime que le groupe jihadiste compte 1.000 membres.
C’est une alerte « sérieuse pour le nord du Mozambique », estime Martin Ewi, de l’Institute for Security Studies, basé à Pretoria.
Selon des analystes, des membres du groupe pourraient avoir utilisé les revenus d’activités criminelles, comme le trafic de bois, de pierres précieuses et de drogue, pour se rendre en Tanzanie et en République démocratique du Congo (RDC) pour s’y former aux tactiques de guérilla.
La multiplication des attaques dans le Nord pourrait poser de sérieux problèmes au Mozambique où des élections générales sont prévues l’année prochaine et qui attend d’importantes retombées économiques des réserves de gaz récemment découvertes.
Des experts estiment que le Mozambique pourrait même devenir le troisième plus gros exportateur mondial de gaz naturel liquéfié.
Le Nord a largement été largement oubliée par l’essor économique des années 2000, qui a suivi la guerre civile meurtrière de 1976 à 1992. Une situation qui crée un terreau fertile pour le développement d’une idéologique radicale comme celle du groupe Al-Shabab.
Le Mozambique compte officiellement 17% de musulmans, pas loin du double selon les responsables de leur communauté.
« Il y a quelque semaines, des diplomates basés à Maputo disaient que le gouvernement avait maîtrisé cette crise mais leur évaluation a maintenant changé », relève Alex Vines, du centre de réflexion Chatham House de Londres.
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