Roschdy Zem persiste et filme

Vedette de « Tenja », qui sort en France le 2 février, le comédien franco-marocain enchaîne les tournages. Et s’apprête à passer à la réalisation.

Publié le 31 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Il y a une quinzaine d’années, Roschdy Zem, fils d’immigrés marocains, gagnait sa vie en vendant des jeans aux puces de Saint-Ouen, au nord de Paris. Depuis, ce comédien venu au cinéma par hasard, en accompagnant une amie à un casting, a incarné toutes sortes de personnages devant la caméra de réalisateurs aussi divers qu’André Téchiné, qui lui a offert l’un de ses premiers rôles dans J’embrasse pas (en 1991), Patrice Chéreau (Ceux qui m’aiment prendront le train, 1998), Bourlem Guerdjou (Vivre au paradis, 1998) ou Merzak Allouache (Chouchou, 2002). Sa mine boudeuse et son air faussement désabusé ne s’absentent plus jamais bien longtemps des écrans des salles obscures.
Le 2 février, à Paris, Roschdy Zem sera à l’affiche de Tenja, premier long-métrage du Marocain Hassan Legzouli. Dans ce road-movie, il incarne Nordine, fils d’un mineur marocain, qui quitte le nord de la France à destination du Haut-Atlas. Dans le coffre de son 4×4, un passager insolite : la dépouille de son père dont la dernière volonté est d’être inhumé dans son village natal.
Une fois au Maroc, Nordine se heurte d’abord à des douaniers kafkaïens, croise un illuminé qui rêve de quitter le « plus beau pays du monde », recueille une jeune femme abandonnée qui fera un bout de chemin avec lui, puis finit par arriver dans la localité où doit être enterré son père.
Étranger au Maroc, Nordine n’y rencontre finalement que des personnes qui, elles-mêmes, peinent à y trouver une place. Dans quelle mesure Roschdy Zem, né à Gennevilliers, en banlieue parisienne, en 1965, partage-t-il les sentiments du personnage qu’il interprète à l’égard du pays d’origine de ses parents ? « Aujourd’hui, j’accepte d’être « l’immigré » aux yeux des Marocains, mais peut-être que j’ai eu ce genre d’attitude au sortir de l’adolescence. À l’époque, j’avais l’impression d’arriver en terrain conquis alors qu’il fallait apprivoiser ce pays. »
Quand Hassan Legzouli propose à Roschdy Zem ce rôle, qu’il n’avait envie de confier à aucun autre acteur, ce dernier lui apprend que, justement, il n’y pas si longtemps, il est retourné enterrer son père dans un village du Haut-Atlas. Mais ce n’est pas pour autant que ce personnage résonne encore en lui aujourd’hui. D’ailleurs, quand on lui demande quel rôle l’a le plus marqué, il répond invariablement : « Ce sera toujours le prochain. »
Sa prochaine prestation, c’est Rachid Bouchareb, avec qui il a déjà tourné Little Senegal en 2000, qui la lui offre. Aux côtés de Samy Naceri, Jamel Debbouze et Sami Bouajila, il incarnera dans Les Indigènes, dont le tournage a commencé le 13 janvier à Ouarzazate, un soldat de la première armée française recrutée en Afrique. « Ce film me tient particulièrement à coeur. Je ressens une pression, car je veux que ce soit une vraie réussite. C’est la première fois que l’on rend hommage à ces gens-là », confie-t-il.
D’autres projets ? Après un nouveau tournage où il donnera la réplique à Nathalie Baye, Roschdy Zem compte s’attaquer à la réalisation de son premier film, Mauvaise foi. Cette comédie traitera avec humour et légèreté d’un sujet sérieux : la place de la religion au sein d’un couple mixte. On attend sa sortie avec curiosité.

Tenja, film de Hassan Legzouli, avec Roschdy Zem, Aure Atika, Abdou el- Mesnaoui.

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