Algérie : l’affaire de la saisie de cocaïne au port d’Oran devant la justice
L’importateur Kamel Chikhi et quatre autres personnes de son entourage ont été placés sous mandat de dépôt. Ils doivent répondre à un juge d’instruction pour des chefs d’inculpation passibles de la peine de mort.
Tout porte à croire que ce sera le feuilleton judiciaire de cet été en Algérie. L’enquête judiciaire autour de la saisie de 701 Kg de cocaïne au port d’Oran, fin mai, a débuté avec fracas. L’homme d’affaire, Kamel Chikhi, importateur de la viande surgelée dans laquelle cette cargaison de cocaïne a été découverte, deux de ses frères, l’un de ses associés ainsi que son directeur commercial ont été placés sous mandat de dépôt, vendredi 8 juin, par le juge d’instruction.
L’affaire a été confiée au tribunal Sidi M’hamed d’Alger dont les compétences s’étendent aux affaires de terrorisme, blanchiment d’argent, trafic de stupéfiants, cybercriminalité et crimes transfrontaliers.
Les cinq accusés sont visés par des chefs d’inculpation lourds, à savoir « constitution d’organisation pour l’importation, le commerce et la distribution de drogue » et « blanchiment d’argent », passibles de la peine de mort.
Selon nos sources, tous les biens de Kamel Chikhi – surnommé « Kamel le boucher » en raison de son activité professionnelle – ont été saisis et son compte bancaire a été gelé. Ses avocats ont interjeté appel contre les mandats de dépôt, dimanche 10 juin.
Vingt cinq autres personnes ont été interpellés dans cette affaire en qualité de témoins. Parmi eux, cinq membres de l’équipage de nationalité philippine, ainsi que le commandant de bord du Véga Mercury, le navire affrété par la société suisse MSC qui a assuré le transport des containers de viande dans lesquels était dissimulée la drogue. Le transitaire qui devait réceptionner la marchandise a également été arrêté.
Remonter la filière
Interpellés le 30 mai, les cinq accusés ainsi que les témoins ont été détenus pendant huit jours par la gendarmerie nationale, qui a mené les interrogatoires aux côtés d’experts de l’Institut national de criminologie. Des analyses sont en cours sur la poudre blanche dans le but de déterminer sa provenance exacte.
Selon des sources judiciaire, Kamel Chikhi n’a pas pu expliquer comment les 701 kg de cocaïne ont pu se retrouver dans la cargaison de viande qu’il a importé du Brésil. « Je ne suis pas un trafiquant de drogue », a-t-il plaidé en boucle devant les enquêteurs qui ont examiné les scellés des containers pour savoir s’ils ont été changés au cours du transport, comme l’a soutenu Kamel Chikhi au cours de son interrogatoire.
Limiter l’instruction aux frères Chikhi, c’est protéger les vrais barons
« Il est naïf de croire que cette opération de trafic a été monté par quelques prévenus », commente un avocat pénaliste. Même son de cloche du côté du collectif de défense constitué par les prévenus qui pensent que « limiter l’instruction aux frères Chikhi, c’est protéger les vrais barons ».
La défense compte réclamer des commissions rogatoires au Brésil et en Espagne pour engager des investigations sur la société qui a fourni la viande, la compagnie qui a affrété le navire ainsi qu’aux contrôles réalisés au niveau des autorités portuaires de ces deux pays. L’objectif est de remonter jusqu’aux complices qui devaient faciliter la réception de la marchandise au port d’Oran.
Cette saisie de stupéfiants, la plus importante jamais réalisée en Algérie, remonte au 29 mai dernier. La drogue interceptée au niveau du port d’Oran était enfouie dans des boîtes rouges avec inscription « viande halal « , chargées dans des containers en provenance du Brésil. Les autorités algériennes ont agi sur la base d’informations communiquée par la marine espagnole, qui pistait le cargo.
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