Paris-Londres : à qui mieux mieux

Publié le 31 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Il y a un an, Tony Blair lançait l’idée de la Commission pour l’Afrique afin de profiter de la double présidence du G8 et de l’Union européenne en 2005 pour amener la communauté internationale à se préoccuper du continent. « L’Afrique sera un sujet dominant du G8 en 2005 », s’est-il plu à répéter bien avant le 1er janvier 2005, date à laquelle le Royaume-Uni prenait officiellement la présidence des deux institutions. Une promesse qui n’est pas sans rappeler celle faite par le chef de l’État français Jacques Chirac, en 2003, qui avait souhaité que « son » G8 consacre une large place aux problèmes du continent.
Après « l’année blanche » de la présidence américaine en 2004, l’Afrique devrait donc se retrouver à nouveau en bonne place dans l’ordre du jour du prochain sommet du G8, en juin, à Gleneagles, en Écosse. Si le Royaume-Uni et la France souhaitent tous deux le développement de leurs anciennes colonies, les six autres membres du G8 ne se sont guère montrés, pour le moment, coopératifs. Les rapporteurs de la Commission pour l’Afrique ont tout juste obtenu des Italiens deux pages de commentaires sur leur « plan » et un silence radio total de la part des Américains ou des Japonais. La France, par le biais de son commissaire, Michel Camdessus (également représentant personnel de Jacques Chirac pour l’Afrique), et du Quai d’Orsay, a pris le soin de renvoyer au début de janvier sa contribution au rapport de la Commission Blair.
On connaît depuis longtemps les divergences de vue de part et d’autre du Channel. Pas étonnant donc que Paris s’oppose à deux points centraux du plan Brown et mette des conditions au troisième. L’annulation pure et simple d’une partie de la dette africaine, d’abord, arguant que la mesure est injuste pour les pays qui ont fait l’effort de rembourser leurs dettes et qu’elle serait contre-productive, risquant à terme d’empêcher les pays de contracter des prêts auprès des bailleurs de fonds. La suppression des subventions agricoles, ensuite, dont les Français ont bien du mal à accepter le principe, craignant qu’elle n’affaiblisse leur agriculture. Enfin, Michel Camdessus, poussé par Jacques Chirac, devrait également insister, dans les mois qui viennent, sur la nécessité de compléter la proposition britannique de l’International Financial Facility (IFF) – largement mise en valeur dans le rapport de la Commission pour l’Afrique – par d’autres mesures de taxation internationale, déjà proposées en 2004 par… Paris, et que Jacques Chirac a de nouveau défendues devant le Forum économique de Davos, le 26 janvier.
Au final, si les Britanniques ne renvoient pas la balle aux Français sur la question de la taxation internationale en en soutenant au moins le principe, Jacques Chirac pourrait bien prendre ses distances avec le plan Brown. Il a promis de soutenir l’initiative de la Commission Blair, pas les propositions de ce que Paris considère, dans le fond, comme un rapport du Foreign Office.

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