Où sont les Africains ?

Publié le 31 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Quelque 50 participants seulement sur près de 100 000… L’Afrique s’est une nouvelle fois distinguée par le plus faible taux de représentation au Ve Forum social mondial (FSM), qui s’est déroulé du 26 au 31 janvier à Porto Alegre, au Brésil. Une incongruité, alors que les thèmes abordés – lutte contre la pauvreté, aide au développement et annulation de la dette des pays pauvres – touchent au coeur les pays africains. Et un paradoxe au moment où le continent subit de plein fouet les effets dévastateurs de la mondialisation. La part de l’Afrique dans les échanges internationaux se réduit comme peau de chagrin depuis 1980. Cette année-là, les exportations africaines représentaient 6 % du commerce mondial… Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 2,4 %. Le continent n’attire, par ailleurs, que 1,7 % des investissements directs étrangers (IDE). Des pans entiers de l’économie africaine sont menacés : la culture du coton, du fait des subventions versées aux producteurs des pays riches, ou le textile, depuis la suppression des quotas internationaux en janvier 2005.
Pour l’économiste égyptien Samir Amin, installé à Dakar et également président du Forum mondial des alternatives, les altermondialistes africains, disposant de faibles ressources, sont éclipsés par des organisations non gouvernementales (ONG) aux moyens financiers très importants. Un manque de fonds, mais certainement aussi d’engagement. « Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que des gens très pauvres s’impliquent dans les problèmes de mondialisation. La majorité des Kényans passent l’essentiel de leur temps à se préoccuper de choses basiques comme se nourrir, avoir un toit et des vêtements », explique Angela Wauye, la responsable de l’ONG Action Aid Kenya.
Bien moins actifs que leurs homologues des pays riches, les mouvements altermondialistes d’Afrique se structurent néanmoins peu à peu, mais de manière très inégale selon les pays. Ils sont très actifs en Afrique du Sud, au Mali, au Burkina, au Maroc, en Algérie, au Ghana, au Nigeria, en Éthiopie, au Kenya, en Angola et au Sénégal. Pour preuve : à Dakar, en novembre dernier, près de six cents personnes venues de tout le pays ont débattu quarante-huit heures durant des moyens de réagir face à la politique économique néolibérale du gouvernement. La contestation sociale est en revanche inexistante dans les dictatures ou dans les pays ravagés par la guerre. « Là où il existe une tradition politique, quand il y a une marge de liberté d’expression et de démocratie, fût-elle limitée, alors les Forums sociaux, qui sont des lieux de discussion ouverts regroupant des organisations paysannes, des syndicats, des groupes de femmes… sont importants », résume Samir Amin. Pour aider les pays africains à organiser la lutte contre le néolibéralisme, le Comité international du FSM, qui s’est réuni les 24 et 25 janvier, avant le lancement des « festivités », a décidé d’organiser l’édition 2007 du FSM en Afrique. Le choix du pays hôte n’est pas encore arrêté, mais le Kenya semble tenir la corde, devant l’Afrique du Sud et le Sénégal.

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