Michael Jackson

On saura, à partir du 31 janvier, date d’ouverture de son procès devant le tribunal de Santa Maria, en Californie, comment « Bambi » pourra se défendre des accusations de pédophilie qui pèsent sur lui.  PR: wait…  I: wait…  L: wait…  LD: wait…  I: wait… wait…  Rank: wait…  Traffic: wait…  Price: wait…  C: wait…  

Publié le 31 janvier 2005 Lecture : 6 minutes.

La gloire, l’argent, l’interdit, le sexeÂÂ Tous les ingrédients sont réunis pour faire du procès de Michael Jackson l’un des plus médiatiques du début du XXIe siècle. À partir du 31 janvier 2005, quatre mille jurés potentiels seront passés au crible dans le tribunal de
Santa Maria (Californie, comté de Santa Barbara). Il faudra au moins trois mois à la justice américaine pour sélectionner les douze personnes qui, un jour, auront à répondre à la question : le « roi de la pop » est-il un pédophile ?

Dans les médias, la curée a déjà commencé. Les photographes traquent les traces d’une métamorphose destructive sur un visage ravagé. Les analystes tentent d’expliquer la psychologie d’un homme de 46 ans qui se prend pour Peter Pan et, comme lui, ne veut pas vieillir. Et les télévisions, qui n’auront pas accès à l’intérieur du tribunal, s’apprêtent à filmer des acteurs rejouant les scènes les plus marquantes du procès. Débauche de voyeurisme, nausée garantie.

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La star, qui a vendu plus de cent millions d’albums dans le monde, est sous le coup de dix chefs d’inculpation pour agression sexuelle sur mineur âgé de 12 ans au moment des faits et a dû débourser 3 millions de dollars de caution pour rester libre.
Le mineur en question pourrait bien être Gavin Arvizo, 15 ans aujourd’hui. En 2000, cet enfant qui souffre d’une forme rare de cancer émet le souhait de rencontrer Michael Jackson. Comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises pour des associations d’aide à l’enfance, l’artiste multimillionnaire accepte. Deux ans plus tard, Gavin est devenu un habitué de Neverland, le ranch-parc d’attraction mégalomaniaque où vit la vedette. Inconscience ? Innocence ? Incroyable naïveté ? Le jeune Gavin est présent aux côtés de Michael Jackson quand le journaliste Martin Bashir l’interviewe pour les besoins du film qu’il réalise sur sa vie quotidienne, en septembre 2002. Gavin tient la main de Jackson, pose la tête contre son épaule. À la surprise de Bashir, le chanteur déclare tout naturellement dormir avec l’enfant : « Pourquoi ne pas partager son lit ? C’est la plus belle preuve d’amour de partager son lit avec quelqu’un. » Après la diffusion du film, en février 2003, les services de protection de l’enfance de Los Angeles se saisissent de l’affaire. L’entourage de Michael Jackson, subitement fébrile, commence à faire pression sur la famille Arvizo, la contraint à séjourner à Neverland et tente de la pousser à s’expatrier au Brésil.

Si l’on en croit le témoignage de l’adolescent, diffusé par la chaîne de télévision américaine ABC, l’amour dont parle le chanteur n’était pas aussi platonique que cela. « On était allongés sur le lit. Il m’a dit que les hommes devaient se masturber. Il m’a dit qu’il voulait m’apprendre », déclare-t-il. « Est-ce que vous avez vous-même touché monsieur Jackson ? » demande le procureur. « Non. Lui voulait, mais je ne l’ai pas fait. J’ai dit non et j’ai retiré ma main. »

Ce n’est pas tout. Michael Jackson lui aurait fait boire du vin blanc dissimulé dans des canettes de Coca-Cola, alors que les médecins le lui interdisent : il n’a plus qu’un rein. Et selon le frère de Gavin, le cadet des Jackson Five aurait un jour fait irruption dans leur chambre, nu et en érection.
Autant d’affirmations reléguées au rang de pures affabulations par les avocats de « Bambi », conduits par Thomas Mesereau Jr. Le jeune acteur Macaulay Culkin (Maman, j’ai raté l’avion), qui est aussi le parrain du premier fils de Jackson, devrait venir témoigner en sa faveur : il a dormi de nombreuses fois dans la chambre de l’accusé sans que rien ne s’y passe… Mais lors de la perquisition menée en grande pompe à Neverland au début de décembre 2004, les enquêteurs ont découvert sur les pages d’une revue pornographique (Barely Legal, en français « Tout juste légal ») les empreintes de Jackson et celles de Gavin Arvizo.

Cette affaire d’abus sur mineur n’est pas la première à laquelle est confronté l’interprète de Thriller. En 1993, l’adolescent Jordan Chandler l’accuse d’abus sexuels. Après avoir vécu près de trois ans dans l’entourage de Jackson, il a fini par confier à la police les attouchements subis. Il se dit capable de décrire les décolorations spécifiques des parties génitales de son idole. Les photos exigées par le procureur se révèlent confondantes, mais l’affaire n’est pas menée à son terme. Pour une somme estimée entre 15 et 20 millions de dollars, les parents acceptent une solution « à l’amiable ». Tout comme la domestique de Michael Jackson accepte, la même année, 2 millions de dollars pour « oublier » qu’elle a retrouvé son fils en compagnie de la star dans un sac de couchage. En vingt ans, les familles de quatre mineurs auraient bénéficié, voire profité, d’excessives largesses – bijoux, voitures – et fermé les yeux sur le comportement « bizarre » de Michael Jackson. En 1993, le procureur Tom Sneddon, surnommé « Chien fou » en raison de sa pugnacité (et de son acharnement ?), n’est pas parvenu à mener le procès à son terme. Il semble aujourd’hui déterminé à obtenir sa revanche : la loi californienne a été modifiée pour donner la priorité à l’État dans les poursuites et empêcher l’achat des témoins et des victimes. S’il est reconnu coupable, Michael Jackson risque dix-huit ans de prison. Une condamnation qui signerait la fin d’une carrière phénoménale durant laquelle créativité, folie et démesure se sont sans cesse entremêlées.

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29 août 1958 : Michael Jackson naît à Gary, dans l’Indiana, septième d’une fratrie de neuf enfants. Cinq frères (Tito, Jackie, Marlon, Jermaine, Randy), trois soeurs (Maureen, Janet, La Toya). Le père, Joe, forme le talent de sa descendance à coups de taloches. Et ça marche. Les Jackson Five, coupe afro et chemises cintrées, alignent les tubes, alors que Michael n’a que 6 ans. 1979 : son premier album solo, Off the Wall, est produit par Quincy Jones. Il se vend à 10 millions d’exemplaires. L’irrésistible ascension vient de commencer. En 1982, c’est Thriller, 42 millions d’exemplaires vendus dans le monde, douze nominations aux Grammy Awards de 1984. Quelques années plus tard, avant même la sortie de Bad (1987, 15 millions d’exemplaires) et de Dangerous (1991), Michael Jackson devient un habitué des colonnes de la presse à scandale. Chirurgie esthétique, décoloration de l’épiderme, dépenses faramineuses, la mégalomanie de l’homme ne connaît pas de limites. À la fin des années 1980, sa fortune est estimée à 600 millions de dollars. Elle lui permet d’acheter l’ensemble du catalogue des chansons des Beatles ou encore les restes du corps de John Merrick, l’homme difforme qui a servi de modèle pour le film Elephant Man, de David Lynch.

« Wacko Jacko » (« Jacko le maboul »), comme on le surnomme désormais, dort dans un caisson à oxygène. Il se marie avec la fille d’un autre « King », Lisa Marie Presley, puis avec l’infirmière de son dermatologue, Deborah Rowe, en 1996. Son premier fils, Prince Michael Jr., naît un an plus tard. Et le jour de la naissance de sa fille, Paris, en 1998, Michael Jackson s’enfuit de l’hôpital, le nourrisson et son cordon ombilical dans les bras… L’émotion, dit-il. Quant au petit dernier, Prince Paris II, né d’une mère porteuse inconnue, il a été présenté à la presse par son père du haut d’un balcon, au-dessus du vide… au neuvième étage d’un hôtel de Berlin.

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Depuis 1993, la chute est devenue inexorable. Le visage se défait ; la morphine et le Demerol ne sont que deux des dizaines de « médicaments » que l’artiste ingère chaque jour ; les albums ne marchent plus aussi bien que par le passé ; la fortune a fondu et les dettes se sont multipliées. Et comme il ne peut plus payer la pension alimentaire de son ex-femme Deborah, cette dernière menace de témoigner contre lui… Quant au soutien des éléments les plus militants de la communauté noire vers lesquels Jackson s’est retourné en criant au complot de l’Amérique blanche et raciste contre les Africains-Américains, il n’est pas certain qu’il suffise pour convaincre les jurés. Dans le comté de Santa Barbara, les Noirs ne représentent que 2,1 % de la population : cette proportion devrait être respectée pour constituer le jury.
Génie ? Malade ? Pervers ? Coupable ? Innocent ? Fini ? Michael Jackson sera fixé sur son sort après de longs mois d’un lourd et triste cirque médiatique aux relents nauséeux.

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