Embarquement imminent

Un protocole d’accord devrait être signé juste avant la rencontre des chefs d’État de la sous-région, le 11 février.

Publié le 31 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Les pays d’Afrique centrale se doteront-ils d’une grande compagnie aérienne régionale ? Maintes fois annoncé, mais jamais concrétisé, le projet semble enfin prêt à sortir des cartons. « Nous sommes assez optimistes. La signature d’un protocole d’accord est programmée juste avant la rencontre des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), le 11 février », explique M’Pokomandji Sonny, ministre centrafricain de l’Équipement et des Transports, principal coordinateur du projet. La future compagnie s’appellera Air Cemac international. Le partenaire technique et actionnaire principal du groupe sera la Royal Air Maroc (RAM), qui fait figure de modèle en Afrique après avoir absorbé et redressé la compagnie nationale sénégalaise et lancé une low cost, Atlas-Blue, à la fin de 2004. Selon le schéma élaboré, le nouveau groupe comprendra un holding – qui détiendra la flotte, les personnels techniques, l’ensemble des moyens communs, et assurera la maintenance des avions – et plusieurs filiales nationales. Celles-ci reprendront le personnel au sol des compagnies nationales existantes qui assurera les opérations commerciales et le marketing.
Le personnel navigant sera entièrement composé, dans un premier temps, par la RAM. Progressivement, certains équipages des compagnies nationales devraient être intégrés après sélection et requalification spécifique. Les premiers vols d’Air Cemac ne sont pas attendus avant six mois. Il reste un certain nombre de détails à finaliser, notamment sur le montant et le déblocage du capital. Reste aussi à savoir quelles seront précisément les États à s’engager dans l’aventure. En décembre 2004, les ministres des Transports de Centrafrique, du Congo, du Gabon et de Guinée équatoriale ont validé la création de la Compagnie, alors que le Cameroun et le Tchad ont réservé leur réponse. Il n’est un secret pour personne que le DG de la Camair, Thomas Dakayi Kanga, est hostile au projet. Le Cameroun souhaite conserver sa souveraineté aérienne et son pavillon. Pourtant, les autorités auraient tout intérêt à jouer la carte régionale au moment où la compagnie nationale traverse d’importantes difficultés financières. Depuis 1993, les directeurs se succèdent, et la compagnie expérimente continuellement de nouveaux plans de relance. Les employés accusent actuellement près de trois mois d’arriérés de salaires… Le transporteur, dont le capital est détenu à 96,4 % par l’État camerounais, cumule une dette estimée à 50 milliards de F CFA (76,2 millions d’euros). Les autorités tchadiennes rechignent également à rejoindre le projet Air Cemac, car elles ne veulent pas perdre leurs droits de trafic au profit du nouveau groupe.
Le lancement d’Air Cemac devrait avoir des conséquences sociales, même si rien n’a filtré des discussions entre les ministres de la Cemac. Le sujet est des plus sensibles, notamment au Gabon, où se tiendra l’élection présidentielle en décembre 2005. Mais le président Omar Bongo Ondimba, autrefois réticent, semble résolu à fondre Air Gabon – qui accuse une dette estimée à plus de 28 milliards de F CFA (42,6 millions d’euros) – dans le groupe Air Cemac.

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