Finance islamique : le Maroc s’apprête à émettre ses premiers sukuks

Le royaume émettra ses premiers sukuks au mois de juillet prochain. Ces obligations islamiques viennent compléter l’écosystème de finance participative que le Maroc a lancé en janvier 2017.

Mohamed Boussaid, ministre marocain de l’Economie et des Finances © Mohamed Drissi Kamili pour Jeune Afrique.

Mohamed Boussaid, ministre marocain de l’Economie et des Finances © Mohamed Drissi Kamili pour Jeune Afrique.

Publié le 14 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Dix-huit mois après le lancement effectif de la finance islamique au Maroc, l’État devrait faire au mois de juillet prochain sa première sortie sur le marché de la dette de cette nouvelle industrie financière. Selon Mohamed Boussaid, le ministre des Finances, il s’agira d’une émission de sukuks (obligations islamiques) pour un montant d’environ un milliard de dirhams (89,6 millions d’euros) – le montant exact est encore en cours de définition au ministère des Finances, l’idée étant de garantir une certaine liquidité sur le marché.

« Cette opération est une très bonne nouvelle pour notre secteur. Ça nous permettra de compléter l’écosystème de la finance participative au Maroc et ça offrira aux établissements bancaires un marché pour le placement et pour le refinancement », se réjouit un haut responsable d’une banque islamique marocaine.

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Cadre juridique

Le cadre juridique pour ce type d’émission n’a été bouclé qu’au mois d’avril, après l’accord du Conseil supérieur des oulémas (CSO). Cet organisme constitue, pour rappel, la seule instance habilitée à juger de la conformité des produits financiers à la charia.

« Le ministère des Finances n’a pas beaucoup apprécié la loi initiale régissant l’émission des sukuks », rappelle notre source bancaire. Elle oblige le Trésor public à recourir, comme n’importe quel autre acteur privé, à des structures spécialisées pour réaliser ces opérations. La prochaine émission d’obligations islamiques de l’État sera sans aucun doute gérée par Maghreb Titrisation, filiale de l’institution financière publique CDG.

« Mais Mohamed Boussaid a obtenu que les émissions de l’État soient traitées prioritairement, même si elles doivent, elles aussi, être certifiées « halal » par le Conseil supérieur des oulémas », ajoute notre source. Un décret adopté le 7 juin en Conseil du gouvernement réserve en outre aux autorités monétaires du royaume la définition des différents types de sukuks que l’État peut émettre. Mais ces définitions doivent elles aussi être validées par le Conseil supérieur des oulémas.

Une offre de produits « halal » encore limitée

Cet organisme devra aussi recevoir, après chaque sortie sur le marché de la dette, un reporting régulier de la part du fonds de titrisation qui gère l’opération. « Les procédures du CSO sont assez contraignantes pour l’émetteur et pour le marché. Les banquiers que nous sommes devrons nous adapter », explique notre interlocuteur.

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Ce dernier se dit convaincu que le marché des sukuks « sera une réussite au Maroc, vu le besoin pressant ressenti par les professionnels ». Il existe d’ailleurs plusieurs types de sukuks : sukuk de financement, sukuk Ijara, sukuk d’investissement et les sukuk de portefeuille. « Les émissions vont se succéder dans les prochains mois, à mesure qu’il recevront leur validation par le CSO », ajoute notre source.

Car même après dix-huit mois d’activité, cette nouvelle industrie financière n’a pas encore réellement démarré. Les produits disponibles sont encore très limités. Même l’assurance islamique Takaful, primordiale pour le bon fonctionnement du marché, n’est pas encore disponible. Selon plusieurs observateurs, les autorités espèrent une mise en service avant le début de l’année prochaine.

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« Avec le lancement effectif du marché obligataire des sukuks et le Takaful, on peut espérer une vraie impulsion pour l’année 2019 », espère notre banquier.

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