Mondial 2026 : la fédération guinéenne accuse les machines à voter de la FIFA
Après avoir démenti avoir voté en faveur de la candidature United pour l’organisation de la Coupe du monde en 2026, le président de la Fédération guinéenne de football, Antonio Souaré, réaffirme avoir voté pour le Maroc et met en cause le système de vote électronique mis en place par la FIFA
Antonio Souaré, président de la Fédération guinéenne de football (Feguifoot), persiste et signe : il n’a pas voté en faveur du dossier « United » pour l’accueil de la Coupe du monde de 2026 ce 13 juin, comme l’a pourtant enregistré la FIFA. « Les causes de cette malheureuse situation sont certainement à rechercher au niveau du système de vote électronique instauré pour la première fois par la FIFA. Qu’il soit donc clair pour chacun et tous, le candidat de la Guinée était bel et bien le Royaume du Maroc », écrit-il dans un court communiqué signé de la Feguifoot transmis à Jeune Afrique dans la nuit du 13 au 14 juin.
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En mars 2018, Antonio Souaré avait reçu le titre « d’ambassadeur » de la candidature marocaine à l’accueil de la Coupe du monde en 2026, suite à une rencontre avec l’ambassadeur marocain en Guinée, Driss Isbayene.
Le communiqué précise : « Dans les réunions informelles organisées à l’occasion des rencontres des différentes fédérations de la CAF, le président Antonio Souaré s’est toujours investi en véritable défenseur de cette cause, en rappelant souvent l’hospitalité dont a toujours fait montre le Maroc à l’égard de l’Afrique, dont la Guinée, durant les moments de détresse comme lors de l’épidémie du virus Ebola ».
Comme le rapportait Jeune Afrique à l’issue du vote, on s’est étonné en haut lieu en Guinée de l’annonce des votes, rendus publics mercredi. « La Guinée a pour habitude de soutenir la candidature africaine », insistait un membre du gouvernement.
Souaré, le foot, la loterie et demain les avions
En Guinée, Souaré est un homme connu. Et pour cause : difficile, dans les rues de Conakry, de rater les panneaux de sa société de paris sportifs Guinée Games, dont des cadres aiment à chuchoter qu’elle serait le deuxième employeur du pays après l’État, ce qui reste difficilement vérifiable. L’entreprise est parfois sponsor de la Confédération africaine de football (CAF), dont Souaré a été membre.
Souriant, portant beau, il est l’un des visages les plus connus du football guinéen. Il dirige depuis 2011 le Horoya Athletic Club, à Conakry. Le site du club propose d’ailleurs une biographie aussi élogieuse que détaillée de son président. Passé par la tête de la Ligue de football professionnelle de Guinée, chargée notamment d’organiser un championnat que le Horoya AC domine plus souvent qu’à son tour, il a été élu à la tête de la Feguifoot en 2017 suite à une campagne très suivie par la presse nationale.
Mais Souaré est un homme ambitieux, qui ne se limite pas au ballon rond et aux paris sportifs. En février 2018, il a annoncé que la chaîne de télévision de son groupe CIS Médias – une centaine d’employés de diverses nationalités -, était disponible sur le bouquet Canal +. La station de radio du même groupe s’est déjà largement imposée dans le paysage audiovisuel.
Depuis 2017, Souaré tente aussi de prendre pied dans le secteur de l’aviation civile, rien de moins. Pour le moment, Guinea Airlines semble toutefois tourner au ralenti. Mais Souaré est réputé pour son sens des affaires à Conakry, et chacun croit à sa bonne étoile.
Le Liban lui aussi ?
Il y aurait-il eu des couacs lors du vote ? La FIFA reste, pour le moment, muette sur le sujet. Mais le cas guinéen pourrait ne pas être le seul qui pose question. La presse libanaise a rapporté des déclarations du secrétaire général de la fédération de ce pays, Jihad El Chohof, qui assure lui aussi avoir voté pour le Maroc, alors que, comme pour la Guinée, en face du nom du pays, « United Bid » apparaît bien dans les documents de la FIFA.
Contactée, la fédération libanaise demande pour le moment à la presse de rester patiente : « Nous attendons que le secrétaire général et le président, Hachem Haïdar, soient tous réunis pour tirer les choses au clair. »
La situation brésilienne, elle, s’est plus vite éclaircie. La presse brésilienne s’est demandée pourquoi le président de la Fédération brésilienne de football, Antonio Carlos Nunes, a voté pour le Maroc alors que le Brésil avait promis sa voix aux Américains et que le continent sud-américain s’est montré très fidèle, jusqu’aux adversaires politiques de Washington, comme le Venezuela, Cuba préférant cependant s’abstenir. Le président de la fédération a finalement publiquement assumé son choix, qui étonne tout le pays.
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