[Infographies] Maghreb : les demandeurs d’asile dans l’Union européenne ont fortement augmenté
Marocains, Algériens et Tunisiens sont de plus en plus nombreux à demander l’asile en France et au sein de l’Union européenne. Des chiffres toutefois très relatifs, en comparaison d’autres nationalités.
Alors que les naufrages de migrants en Méditerranée se multiplient, l’Union européenne (UE) cherche à endiguer les départs depuis l’Afrique avec l’installation de plateformes régionales de débarquement hors d’Europe. Des centres déjà refusés par l’Algérie, la Tunisie et le Maroc, qui sont souvent des pays de transit pour les migrants, mais également de plus en plus des pays de départ.
Si les demandeurs d’asile en France viennent majoritairement d’Albanie, d’Afghanistan, d’Haïti et du Soudan, les ressortissants maghrébins – tout comme les ressortissants de pays d’Afrique de l’Ouest – sont plus nombreux à avoir fait cette demande en 2017 qu’en 2009, selon le bilan annuel de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
Le phénomène s’inscrit dans un contexte global de crise migratoire – les demandes d’asile ont atteint un seuil historique de plus de 100 000 en 2017 en France, indique l’Office – et de manière plus relative dans le sillage des printemps arabes. De quoi étonner le directeur de l’Ofpra, Pascal Brice, qui indiquait à l’AFP que ces pays étaient considérés comme sûrs par les autorités.
La convention de Genève définit un réfugié comme « toute personne qui, craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques se trouve hors du pays dont elle a la nationalité ». Il existe également un asile défini par la Constitution française attribué « à toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la liberté ».
L’Algérie en tête
La plus forte demande concerne les Algériens. La demande d’asile algérienne dans l’UE a été multipliée par 3 de 2009 à 2017, passant de 3 405 à 10 240, selon les chiffres d’Eurostat, qui produit les statistiques officielles de l’Union. En 2017, ils étaient également un peu moins de 3 000 à faire leur première demande en France, avec un taux d’obtention de 7 %, contre seulement 1 120 en 2009. La France était alors le neuvième pays, juste derrière la Syrie, en nombre de demandeurs d’asile.
Si les motifs des demandeurs restent confidentiels, la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) rend certains de ses jugements publics. Ainsi, en novembre 2017, elle reconnaît la qualité de réfugié à un militant du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie « au vu du contexte actuel de répression visant les militants kabyles ».
La Cour reconnaît également à un autre ressortissant algérien la qualité de réfugié « exposé à des persécutions dans son pays en raison de sa conversion au christianisme. » Et de relever « que la liberté religieuse des non-musulmans en Algérie connaît un certain nombre de restrictions ».
De 2009 à 2017, la demande d’asile des ressortissants marocains dans l’Union européenne a elle été multipliée par 10
Le Maroc, la plus forte augmentation
De 2009 à 2017, la demande d’asile des ressortissants marocains dans l’Union européenne a elle été multipliée par 10.
Selon les associations, la France accorde souvent l’asile aux personnes homosexuelles fuyant un pays où l’homosexualité est considérée comme illégale dans la loi. C’est le cas du Maroc, où celles-ci peuvent être condamnées de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement et d’une amende de 120 à 1 200 dirhams, et où les lynchages sont fréquents.
Le conflit au Sahara occidental pousse certains à faire la demande. En janvier 2017, la Cour reconnaît la qualité de réfugié à un ressortissant marocain d’origine sahraouie en raison de son engagement en faveur de l’indépendance du Sahara occidental, estimant que « l’origine sahraouie du requérant » et « son engagement en faveur de l’indépendance du Sahara occidental pouvaient être tenus pour établis ».
Tunisie, le pic de la révolution
En 2011, les chiffres sont vertigineux : les ressortissants tunisiens sont alors 6 515 à demander l’asile en UE et près de 29 000 (soit 0,3 % de la population) à franchir les frontières européennes illégalement. Un pic dû à l’instabilité qui a suivi la révolution, et qui est très vite redescendu. En 2017, ils étaient 1 875 candidats à l’asile sur toute l’UE, contre 1 701 en 2009.
Les ressortissants tunisiens ont été près de quatre fois plus nombreux en 2017 qu’en 2009
Les ressortissants tunisiens ont, eux, été près de quatre fois plus nombreux en 2017 qu’en 2009 à demander l’asile dans l’Union européenne, particulièrement en France et en Italie. La situation socio-économique très difficile et l’instabilité politique poussent certains jeunes, notamment des régions défavorisées de l’intérieur, à prendre la mer. Comme au Maroc et en Algérie, l’homosexualité est toujours pénalisée et certains peuvent demander l’asile pour cette raison.
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