La Banque centrale de Tunisie rehausse son taux directeur pour lutter contre une inflation record

Le comité de politique monétaire a décidé de relever le taux directeur de la Banque centrale de Tunisie de 5,75 % à 6,75 %, dans un contexte de forte poussée inflationniste, qui culmine à 7,7 % en avril et mai.

Le quartier Ettadhamen et Mnihla à Tunis © Photo de Ons Abid pour Jeune Afrique

Le quartier Ettadhamen et Mnihla à Tunis © Photo de Ons Abid pour Jeune Afrique

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Publié le 15 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

La Banque centrale de Tunisie (BCT) a décidé mercredi 13 juin de relever son taux directeur de 5,75 % à 6,75 %. Il s’agit de la deuxième hausse en à peine plus de trois mois, après celle du 5 mars qui avait vu le taux passer de 5 à 5,75 %. Les raisons évoquées par Marouane Abbassi, le gouverneur de la BCT, sont les mêmes : lutter contre l’inflation, qui culmine à 7,7 % en avril et mai. En comparaison, elle n’était que de 4,8 % en mai 2017. Pour expliquer ces mauvais résultats, la BCT pointe du doigt la dépréciation du dinar et la hausse des salaires, sans une augmentation de la productivité.

La Banque centrale craint une inflation moyenne de 8 % en 2018, propulsant « l’inflation vers des niveaux jamais atteints depuis près de trois décennies […] et qui risque de s’installer à des niveaux préjudiciables à toute relance de l’activité économique et à la stabilité financière dans son ensemble ».

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Les prix de produits alimentaires ont bondi de 9,3 % en mai 2017, contre une hausse de 3,9 % l’an dernier à la même époque. L’institution financière craint également qu’une inflation prolongée ne porte atteinte à la fragile reprise économique, avec une croissance de 2,5 % au premier trimestre 2018.

Ralentir la consommation

Avec cette hausse du taux directeur, la BCT espère ralentir la consommation des ménages au profit de l’épargne, car les crédits à la consommation – dont le taux d’intérêt est corrélé à celui du taux directeur – devraient coûter plus chers. Ces crédits ont augmenté de 110 % depuis 2010. En 2017, ils ont atteint 22,5 milliards de dinars (7,5 milliards d’euros).

Cette baisse de consommation pourrait inciter les commerçants à modérer la hausse des prix, et donc à diminuer l’inflation. L’autre effet attendu est l’arrivée de capitaux étrangers dans le système financier tunisien car les placements, dont les rendements sont aussi indexés sur le taux directeur, devraient devenir plus rémunérateurs.

La Banque centrale accompagne cette mesure d’« un guichet d’appel d’offres » d’une maturité de 6 mois, dédié au refinancement des crédits accordés au titre de l’investissement initié notamment par les TPE/PME, qui représente 90 % du tissu économique tunisien. Ce mécanisme, adossé à la BCT, fournit des liquidités stables et immédiates aux banques pour qu’elles ne se désengagent pas du financement des secteurs productifs.

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