Bongo Ondimba et les onze candidats

Publié le 31 janvier 2005 Lecture : 3 minutes.

Il aura donc fallu une nouvelle médiation du chef de l’État gabonais, Omar Bongo Ondimba, sollicitée par le collectif des candidats de l’opposition, pour que se résolve enfin le casse-tête de la présidentielle centrafricaine. La Cour constitutionnelle de Bangui, on s’en souvient, avait tout d’abord retenu cinq candidats sur quinze postulants. Chiffre porté à huit, après un premier repêchage décidé par le président François Bozizé. Ils sont désormais onze postulants, qualifiés pour un scrutin dont la tenue a été au passage repoussée d’un mois : il aura lieu le 13 mars prochain. De la France à l’ONU, en passant par les voisins de la Centrafrique, tous les partenaires de Bangui souhaitaient cette intercession extérieure pour faire baisser la fièvre, tant les protagonistes semblaient proches du point de non-retour. C’est désormais chose faite.

Samedi 22 janvier, dans un salon du palais présidentiel de Libreville, tous les candidats déjà retenus, ou en voie de l’être, se sont donc retrouvés pour un long huis clos autour des présidents Bongo et Bozizé. Tous sauf un : Ange-Félix Patassé, qui n’avait pas été invité car il serait « irréaliste », a estimé Bongo, de penser qu’il puisse rentrer à Bangui faire campagne, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. À l’évidence, le général d’armée François Bozizé, assis à la droite du médiateur, était, lui, venu à ce rendez-vous le coeur lourd. Le visage fermé, et après avoir regretté que cette réunion n’ait pu se tenir à Bangui, il s’est livré, en guise de discours liminaire, à un réquisitoire contre ceux des présents – Jean-Paul Ngoupandé, Abel Goumba, Charles Massi… – pour et avec lesquels, a-t-il martelé, il avait pris le pouvoir en mars 2003 : « Depuis, nous avons tout fait ensemble, je vous ai consultés, associés en tout : pourquoi vous reniez-vous ? » Assisté de la présidente de la Cour constitutionnelle du Gabon, Marie-Madeleine Mborantsuo, Omar Bongo Ondimba a eu fort à faire pour décrisper l’atmosphère, s’isolant pour un long tête-à-tête avec Bozizé. « À vous entendre, Patassé, c’était le monstre, lui a-t-il dit. Eh bien, vous avez renversé le monstre et pris le pouvoir ; mais sachez que tout pouvoir engendre automatiquement son opposition, il faut l’accepter. » Le reste de la réunion a été consacré à régler certains détails d’importance. Ainsi, ce ne sera pas la Cour constitutionnelle qui proclamera les résultats des élections présidentielle (à deux tours) et législatives de mars, mais la Commission électorale indépendante. Ainsi, tous les candidats devraient, lors de la campagne, bénéficier d’une double protection : celle du contingent de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et celle de militaires centrafricains choisis par eux-mêmes.

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Cette dernière précision n’est pas négligeable pour des personnalités actuellement réfugiées en France, comme l’ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Demafouth, repêché sous réserve car une procédure judiciaire est engagée contre lui à Bangui pour « crimes commis en 1999 ». Ou encore l’ex-Premier ministre de Patassé, Martin Ziguélé, qui compte rentrer au pays fin février s’il estime réunies les conditions de sécurité. Recalé sans espoir de recours, Ange-Félix Patassé a, depuis son exil de Lomé, dénié toute légitimité aux décisions de Libreville. Le fait que son parti, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), ait, le 24 janvier, décidé de soutenir le candidat Martin Ziguélé l’affaiblit certes, mais ne lui fait pas modifier son jugement. Pour lui, cette élection est une mascarade, et François Bozizé un « militaro-fasciste ». Il est vrai qu’AFP n’a jamais donné dans la nuance…

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