Un monde sans paraboles

Algérie Telecom mise sur la fibre optique pour optimiser ses services. Des premiers pas timides, mais un avenir prometteur…

Publié le 30 octobre 2006 Lecture : 4 minutes.

Imaginez Tous les balcons et tous les toits d’Algérie définitivement débarrassés des millions d’antennes paraboliques qui confèrent aux immeubles, aux villes et aux villages une image de désordre, de désorganisation ! Impossible, direz-vous : la réception de programmes de télévision par satellite et leur piratage en dépit des nouveaux cryptages sont encore aujourd’hui une sorte de sport national. Mais l’opérateur historique Algérie Telecom a lancé, en septembre dernier, un nouveau service à domicile, dénommé FTTH (Fibre To The Home), qui propose à ses abonnés de bénéficier d’un accès Internet à haut débit et de services de téléphonie, de vidéo et ?de télévision grâce à une seule ligne ?téléphonique en fibre optique. Pour l’heure, étant donné ses coûts élevés – l’abonnement revient à 100 000 dinars par an (environ 1 100 euros) -, l’offre n’a suscité l’intérêt que d’une centaine d’abonnés, essentiellement des banques et des entreprises privées. En dépit du prix rédhibitoire, les responsables d’Algérie Telecom demeurent optimistes : les prix baisseront avec la généralisation de la fibre optique et les utilisateurs seront plus nombreux dans les prochaines années. Peut-être jusqu’à faire disparaître les hideuses paraboles
En attendant cet hypothétique moment, l’affaire démontre au moins que les nouvelles technologies n’ont presque plus de secrets pour l’Algérien moyen. Il évolue sans peine apparente dans un monde fait de fibre optique, vidéo à domicile, visioconférence, ADSL, WiMax ou d’Internet sans fil. Dire qu’il y a dix ans à peine le simple téléphone à cadran était réservé aux riches et le mobile aux enfants de la nomenklatura. L’explosion du secteur de la téléphonie mobile est passée par là, suivie de l’avènement d’une nouvelle génération d’opérateurs de télécommunications, certains dans le fixe, d’autres dans les transmissions par satellite. Cinq ans après les premiers pas du téléphone cellulaire, le pays compte plusieurs opérateurs publics et privés comptabilisant plus de 16 millions d’abonnés, pour une population de 33 millions d’habitants : près d’un Algérien sur deux ! Le développement foudroyant de la téléphonie mobile a créé un effet d’entraînement suscitant la naissance d’un marché des télécoms qui pèserait aujourd’hui plus de 5 milliards de dollars par an.
Créée en 2001 par un groupe de chercheurs et d’ingénieurs algériens, la société SLC (Smart Link Corporation) est l’un de ses nouveaux acteurs. Entreprise privée, elle est spécialisée dans les technologies d’accès à Internet sans fil, notamment à la norme nommée WiMax. Mis en place dans les régions du centre (Alger, Boumerdès, Tizi-Ouzou, Béjaïa et Constantine), les services de SLC sont d’abord destinés aux administrations et aux grandes entreprises. D’un coût moins élevé que celui de la fibre optique, la faculté de téléphoner sur Internet en WiMax permet de faire des économies sur les factures téléphoniques, qui atteignent souvent des montants très élevés. Directeur technique chez SLC, Ahmed Kateb explique la démarche de la société : « Pour l’heure, notre réseau vise essentiellement à fournir des solutions pour les entreprises et les universités. On peut penser que dans un certain temps on pourra déployer des accès pour le grand public. Dans de nombreuses régions en Algérie, il est encore trop complexe et trop coûteux d’installer des câbles pour les relier à Internet. Une technologie sans fil comme le WiMax pourrait devenir l’arme absolue pour l’aménagement du territoire ! »
À titre d’exemple, de nombreux journaux algériens ont recours à cette technologie. Le Soir d’Algérie, l’un des premiers quotidiens francophones à être créé après l’ouverture démocratique en 1989, est maintenant accessible à ses lecteurs sur un téléphone portable. Une première dans le pays. Peu développé et souvent inaccessible il y a quelques années, Internet devient un outil de communication incontournable et si indispensable que les ministères, les grandes administrations et de nombreux grands groupes n’hésitent pas à recourir aux services des sociétés privées pour lancer ou moderniser leurs sites Internet. Récemment, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière s’est doté d’une plate-forme Intranet qui relie, en fibre optique, quelque 899 sites publics et privés relevant de son administration. Ce nouveau service permet l’accès instantané à toute forme de communication, de transfert de données, de messageries et de télétravail. Le ministère de l’Intérieur et les douanes ne sont pas en reste. Si la police communique désormais via le Net, les douanes algériennes annoncent avoir réduit de deux tiers la fraude des marchandises au niveau du nouvel aéroport international d’Alger grâce à l’installation de systèmes informatiques.
Les enjeux du marché algérien n’ont pas échappé à British Telecom, deuxième plus grand opérateur mondial de télécommunications. Le groupe a décidé d’y investir en créant un centre de formation dans les nouvelles technologies de l’information. Arslan Chikhaoui, expert en questions stratégiques et membre du Forum économique de Davos, explique l’intérêt des Britanniques pour le pays du Maghreb. « Les responsables de British Telecom considèrent que l’Algérie est un nouveau marché émergent en termes d’ancrages des technologies du XXIe siècle. » Il oublie seulement de préciser que British Telecom se trouve ainsi aux premières loges pour la future privatisation d’Algérie Telecom

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