[Tribune] Vraies-fausses start-up
Qui oserait encore prétendre que les jeunes Africains sont dépourvus de toute fibre de « start-uper » ? Une idée, un projet ? Il suffit d’en faire la promotion – notamment sur les réseaux sociaux –, et hop ! c’est déjà une start-up. Le numérique offrant la possibilité d’exister et une relative visibilité à chaque être hardi, tout, et surtout un rien, renvoie à cet anglicisme – dont les contours échappent encore à beaucoup.
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Oswald Padonou
Docteur en sciences politiques. Enseignant et chercheur en relations internationales et études de sécurité
Publié le 22 juin 2018 Lecture : 2 minutes.
Parce que créer et développer des micro- ou des petites entreprises donnent l’illusion de pallier ce déficit d’emplois lié à une absence de politique industrielle dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, la start-up s’apparente à un mirage.
Un mirage parce que les obstacles au développement du secteur privé local et à l’éclosion des entreprises en général sont connus et concernent d’abord l’inadéquation entre l’offre de compétences des jeunes (surqualifiés et en surnombre dans des secteurs non prioritaires) et la demande du marché ! Ces obstacles tiennent également à la quasi-impossibilité pour les petites entreprises d’accéder au crédit bancaire.
Ailleurs, les start-up se développent dans des écosystèmes relativement favorables en misant sur un potentiel de croissance important et rapide, fondé sur l’innovation technologique. C’est aussi le cas chez nous, mais en particulier pour les projets portés par des acteurs disposant d’une expérience internationale : les repats, les expats, en somme tous ceux qui font la mondialisation, ceux pour qui la terminologie « start-up » relève de l’anecdotique. Ce qui compte, c’est le profit et la croissance.
>>> A LIRE – Africa CEO Forum : cinq start-up en vedettes
Stratégies peu pertinentes
Or, pour être des opportunités économiques et sociales, les start-up du continent devraient toutes se fonder sur une logique de rentabilité et de service à la communauté, qui doit présider à leur création. Ce qui garantirait une chance de réussite à chaque jeune Africain porteur d’une idée innovante et capable de mobiliser d’autres acteurs qualifiés pour aider à sa concrétisation : solution technologique, services efficaces, etc.
Il faut donc en finir avec ces stratégies peu pertinentes qui consistent à assimiler la création de la moindre application mobile (plus ou moins utile, pas nécessairement commercialisable) à la naissance d’une start-up prometteuse.
À l’image de celle destinée à remplir virtuellement votre smartphone d’une bière quand l’envie vous prend d’en déguster une. Car cette appli, dont le principal mérite est d’exister, ne fait pas de son concepteur un promoteur de start-up. Pas plus qu’un blog qui ambitionnerait de nous aider à différencier le « garba » de l’attiéké…
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