L’œil de Glez – Zambie : une école de féticheurs, c’est pas sorcier
L’Afrique moderne cesse de nier ses coutumes en tentant d’homologuer et d’encadrer des pratiques rangées habituellement sous le vocable occidental de « sorcellerie ». Une université zambienne entend en enseigner les us.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 19 juin 2018 Lecture : 2 minutes.
« Harry Potter à l’école des sorciers » : J. K. Rowling l’a rêvé, la Zambie l’a fait. Le Zambianobserver indique que l’Université de Zambie va enseigner l’art de la « sorcellerie » à certains de ses étudiants, avec le soutien financier de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Selon la Commission nationale zambienne pour l’UNESCO, l’idée de l’institution onusienne est de sauvegarder un patrimoine immatériel composé aussi bien de l’expression par la musique que des artefacts, des rituels et donc de ce qu’il est convenu d’appeler la sorcellerie.
Alors que les croyances de ce type sont dénoncées en République démocratique du Congo comme un facteur de propagation d’un virus d’Ebola parfois considéré comme « un mauvais sort », le ministère de l’Enseignement supérieur zambien considère la recherche et l’étude de la sorcellerie comme une science traditionnelle pouvant contribuer au bien de la nation.
Maths et sorts
Si les universitaires chargés de programme devront définir ce concept habituellement considéré comme une magie rudimentaire proche des esprits, il apparaît que l’annonce de cette nouvelle matière d’enseignement suscite l’intérêt d’étudiants déjà inscrits par dizaines. Il faut dire que la démarche académique n’est pas nouvelle.
En mars 2017, c’est l’Afrique du Sud qui innovait sur le continent africain, en concevant des diplômes ès sciences en sorcellerie mâtinée de mathématiques et de sciences physiques. Arguant que les ingénieurs, les médecins ou les pasteurs sont formés comme il se doit, le ministère sud-africain de l’Enseignement supérieur entend éradiquer la pratique de l’occultisme sans permis.
La démarche zambienne est d’autant moins incongrue que des pays occidentaux ont créé des établissements de magie depuis longtemps ; de la magie qui va bien au-delà de la prestidigitation artistique ou même du folklore. L’américaine Grey School of Wizardry (école grise de sorcellerie) opère en tant qu’établissement d’enseignement à but non lucratif et propose 16 départements magiques. Dans les montagnes autrichiennes de Klagenfurt, c’est l’International School for Wizards and Witches (école internationale pour sorciers et sorcières) qui enseigne la préparation de potions ou le lancer de sorts.
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