Mille et un séjours

Littoral ou montagne, ville ou désert… Si les infrastructures ne sont pas encore au niveau, le potentiel est énorme.

Publié le 30 octobre 2006 Lecture : 5 minutes.

Mer, montagne, désert, ville, campagne… En Algérie, les touristes ont l’embarras du choix. Le pays offre une impressionnante variété de paysages et de climats. Les promoteurs, nationaux et étrangers, ne s’y trompent pas : « Plus de 300 projets totalisant environ 30 000 lits sont en cours de réalisation. Il y a par ailleurs 254 projets [environ 20 000 lits, NDLR] à l’arrêt essentiellement pour des problèmes de financement », indiquait en août dernier le ministre du Tourisme, Nourredine Moussa. Sur la côte, le groupe saoudien Sedar s’est par exemple lancé dans la réalisation de deux villages touristiques à Zéralda (20 000 lits) et Zemmouri (5 000 lits). Quant au français Accor, il s’est engagé à réaliser à travers le pays 25 hôtels de 3 600 lits de divers standings. Deux établissements sont déjà en chantier à Constantine, d’autres seront prochainement entamés à Alger, Oran et Tlemcen. Les défis du ministère : assainir le secteur, accroître l’investissement et remettre à niveau les structures existantes, car environ 80 % des 81 000 lits du pays ne sont toujours pas conformes aux normes internationales. L’Algérie a annoncé vouloir attirer 4 millions de touristes par an à l’horizon 2015, dont 2 millions d’étrangers, et engranger 1 milliard de dollars de recettes annuelles. Pour cela, une seule solution : la communication pour promouvoir la destination, qui reste largement méconnue. En attendant les campagnes qui le feront connaître, voici quelques-unes de ces destinations qui méritent qu’on s’y intéresse.

Un thé au Sahara
En Algérie, il n’y a pas un mais des déserts. Le Sahara occupe 85 % du territoire, soit 2 millions de km2 ponctués d’oasis. On y trouve d’immenses plaines sablonneuses, comme les grands Ergs occidental et oriental au centre du pays, mais aussi, plus au sud, d’impressionnants plateaux, comme ceux de Tademaït, Tassilis ou Tanezrouft, sans oublier le massif volcanique montagneux du Hoggar, large de 800 km. Le Grand Sud est d’ailleurs la principale destination des touristes européens qui se rendent en Algérie. Et pour cause. L’aventure est au bout des semelles : treks, randonnées, nuits à la belle étoile et découverte de la culture touarègue. Aux portes du Sahara, on trouve tout d’abord la magnifique vallée du M’Zab (classée au Patrimoine mondial par l’Unesco en 1982) et ses villes fortifiées, dont la plus connue est Ghardaïa, qui ont su conserver leur culture et leurs traditions. Autre porte du désert : Biskra, la ville des dattes, qui accueillera du 27 décembre au 1er janvier prochains le 7e Marathon des dunes (voir www.marathondesdunes.com).
Paysage lunaire aux impressionnantes formations géologiques, le Tassili N’Ajjer, lui aussi classé au Patrimoine mondial de l’humanité, abrite l’un des plus importants ensembles d’art rupestre préhistorique du monde : plus de 15 000 uvres, dont certaines remontent jusqu’à 6 000 av. J.-C. Ne pas oublier de faire une halte dans la très belle oasis de Djanet, au sud-est du pays. Plus à l’ouest, c’est le Hoggar et sa capitale, Tamanrasset, ville de Touaregs tournée vers l’Afrique noire et édifiée à 1 400 m d’altitude. Enfin, en remontant au nord-ouest, on peut prendre la route des oasis depuis Adrar et Timimoun, surnommée l’oasis rouge du fait de ses constructions en argile. Elle mène jusqu’à Béchar, traversant le Gourara, le Touat et la Saoura.

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Sur les traces ?de saint Augustin
Chaque année, plus de 500 touristes européens, dont la plupart venus par la Tunisie voisine, décident d’aller voir « l’olivier de saint Augustin », à Souk-Ahras, au nord-est de l’Algérie. Ce serait l’arbre au pied duquel ce précurseur de la philosophie moderne se reposait et réfléchissait. Saint Augustin est né en 354 à Thagaste (aujourd’hui Souk-Ahras) et il a étudié à l’université de Madouros (nommée aujourd’hui Madaure). La wilaya a d’ailleurs entrepris des travaux de réhabilitation et d’aménagement pour faire du site de l’olivier un vrai lieu d’escale. Pour le moment, les touristes restant plusieurs jours sur le sol algérien se tournent plutôt vers Annaba. C’est à la périphérie de cette coquette cité balnéaire que se trouvent les vestiges de l’ancienne ville romaine d’Hippone dont saint Augustin fut évêque de 393 à sa mort en 430. Veillant sur les ruines, la basilique Saint-Augustin a été édifiée en 1881. Elle renferme un monument funéraire avec l’un des ossements du saint, dont la dépouille est conservée en Italie.
Les touristes fervents de pèlerinage et amoureux du désert partent, eux, sur les traces du père Charles de Foucauld. Né en 1858, d’abord militaire indiscipliné et noceur, il se tourne vers la prêtrise en 1901. Dès lors, il mène une intense vie spirituelle et apostolique, aujourd’hui perpétuée par près d’une vingtaine de congrégations et d’associations religieuses. Tombé amoureux de l’Algérie, il construit une première « fraternité » à Beni-Abbès, au sud de Béchar. En 1905, il gagne Tamanrasset et y construit une petite maison et une chapelle, que l’on peut encore visiter. Il faut aller demander les clefs aux surs qui habitent juste à côté. Pour les plus courageux, à plusieurs heures de piste de la ville, il y a l’ermitage de Foucauld, qui lui servait de lieu de méditation, planté sur le plateau de l’Assekrem (le plus haut sommet du Hoggar, 2 788 m). Des frères y vivent encore. À quinze minutes de marche en redescendant se trouve un refuge pouvant accueillir une trentaine de personnes. Il est toujours complet le soir du 31 décembre, réservé par des touristes étrangers habitués des lieux.
Une autre forme de pèlerinage se développe depuis quelques années en Algérie. Les anciens pieds-noirs, accompagnés de leurs enfants et petits-enfants, traversent la Méditerranée pour revoir les lieux de leur enfance et de leur adolescence. Le phénomène est particulièrement visible dans l’ouest du pays, à Oran, Tlemcen et Beni-Abbès, mais aussi à Alger. Plusieurs associations françaises de pieds-noirs organisent annuellement des séjours permettant aux voyageurs de renouer avec leurs racines et parfois avec de vieilles connaissances. « Ils sont toujours très émus de revenir à Oran. Ils font le pèlerinage à l’église de Santa-Cruz et recherchent leurs anciennes maisons. Certaines ont disparu, d’autres sont en mauvais état. Il peut y avoir des déceptions, mais, dans l’ensemble, ils promettent de revenir », assure Massinissa, un jeune guide de la région d’Oran.

Vertiges des vestiges
En vacances, le farniente est de plus en plus concurrencé par l’aventure, la nature… et la culture ! Les passionnés d’histoire ont de quoi faire en Algérie, pays qui regorge de sites gréco-romains. En plus d’Hippone, de Souk-Ahras et de Madaure, il y a, toujours dans l’est, Guelma, Lambèse, Tébessa, Tiddis (près de Constantine) et Djemila, entre Sétif et Constantine. Bâtie sur un sol accidenté, au cur d’un massif montagneux, Djemila est l’une des plus importantes cités romaines dès la fin du IIe siècle après J.-C. Toujours à l’est, les Aurès abritent le site de Timgad, une ville entière au quadrillage régulier. Fondée en l’an 100 après J.-C. sous le règne de l’empereur Trajan, elle est aujourd’hui quasiment intacte ! On découvre le cardo, le théâtre, l’imposant arc de Trajan, les thermes, le marché, la nécropole, le forum et le capitole. Le site a été inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1982. Si vous séjournez à Alger, il serait dommage de passer à côté des cités antiques de Tipaza et de Cherchell, à quelque 70 km à l’ouest de la capitale. Les ruines de Tipaza, qui ont tant inspiré l’écrivain Albert Camus, se succèdent en cascade jusque dans la Méditerranée. Ancien comptoir punique occupé par Rome, Tipaza comprend un ensemble unique de vestiges phéniciens, romains, paléochrétiens et byzantins.

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