Pour des élections libres et garantes des droits civils et humains en RDC

Cette tribune est cosignée par Joachim Son-Forget et le député fédéral belge Jean-Jacques Flahaux.

Des électeurs de l’opposition se plaignent des conditions de vote lors des élections générales du 28 décembre 2011. © JEROME DELAY/AP/SIPA

Des électeurs de l’opposition se plaignent des conditions de vote lors des élections générales du 28 décembre 2011. © JEROME DELAY/AP/SIPA

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  • Joachim Son-Forget

    Joachim Son-Forget est député de la 6e circonscription des Français établis hors de France (Suisse et Liechtenstein)

Publié le 19 juin 2018 Lecture : 3 minutes.

« La situation humanitaire et politique en République démocratique du Congo doit interpeller l’attention de la communauté internationale. À l’approche des échéances électorales de décembre 2018, il faut appeler au strict respect des engagements politiques de l’accord de la Saint-Sylvestre ainsi qu’à la plus grande vigilance quant au respect des droits humains. Plus grand pays d’Afrique par sa superficie, la RDC a toutes les capacités d’incarner un leadership fort sur le continent africain, grâce à la richesse de sa société civile et de ses ressources. Les aléas de gouvernance du Congo-Kinshasa ne doivent pas freiner ses grandes potentialités.

À deux mois du dépôt des candidatures pour les élections présidentielles et législatives, le processus électoral engagé en RDC depuis presque deux ans peine à aboutir. Après avoir salué l’accord de la Saint-Sylvestre du 31 décembre 2016, force est de constater qu’il n’est pour l’instant pas mis en œuvre.

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Le 5 novembre dernier, le calendrier annonçait la tenue d’élections synchrones entre les scrutins présidentiels, législatifs et provinciaux le 23 décembre 2018. Aujourd’hui, le respect de cet agenda n’est pas garanti. Dès lors, on peut redouter une instrumentalisation de l’élection du Parlement de manière à faire procéder à une modification constitutionnelle majeure qui mettrait à mal l’équilibre institutionnel du pays.

Le bon exercice du pluralisme politique en RDC est primordial dans le cadre des campagnes politiques à venir, tout comme la libre détermination des nouveaux chefs de file des différents partis en présence. La scène politique doit être ouverte à tous les candidats que compte la République démocratique du Congo. Chaque voix doit pouvoir s’exprimer et être entendue en toute liberté. Tous ceux qui s’impliquent dans la vie démocratique et qui sont en mesure de s’engager pour la prospérité de leur pays doivent être libres de leurs paroles et de leurs actes en RDC. Aussi, il est urgent de condamner toute tentative d’intimidation et de violence qui viserait la population et les partisans d’un vote libre et de la conduite de campagnes électorales transparentes.

Joseph Kabila est tenu de tout mettre en œuvre pour honorer l’accord de la Saint-Sylvestre

La protection de l’intégrité de la Constitution de la République démocratique du Congo est désormais la garantie fondamentale d’un renouvellement présidentiel et gouvernemental transparent et démocratique. De même, l’exercice législatif actuel du pays ne saurait en aucun cas limiter la liberté d’expression et d’engagement politique, humanitaire et social de la société civile congolaise.

Aussi, le président Joseph Kabila doit respecter ses engagements et accepter une transition honorable à l’issue de son mandat. Il est tenu de tout mettre en œuvre pour honorer l’accord de la Saint-Sylvestre et ainsi garantir l’exercice de la démocratie en République démocratique du Congo.

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Le bon déroulement des prochaines élections et la bonne marche du système politique en République démocratique du Congo sont capitaux au regard des enjeux auxquels le pays fait face. Qu’il s’agisse d’atteintes aux droits humains, de violences sexuelles comme armes de guerre, de conflits armés internes, d’épisodes de famine, de la diffusion épidémique du virus Ebola, la situation humanitaire se dégrade en RDC et pourra impacter demain toute la population congolaise. Alors que la situation de plusieurs pays d’Afrique centrale et australe évolue positivement, la République démocratique du Congo demeure figée, tant sur le plan politique que sur le plan socio-économique. Le constat est à déplorer, au regard des fortes potentialités du pays qui est parfaitement en mesure de devenir l’une des plus grandes nations africaines, non seulement par sa superficie mais également par la vivacité et la diversité de sa société civile, conditions indispensables de la prospérité et de la liberté.

Quant au respect des droits politiques et humains en RDC, la prévenance de la communauté internationale est primordiale, par solidarité envers le peuple congolais. Nos partenaires européens et internationaux doivent porter une attention particulière à ces enjeux démocratiques, sécuritaires et humanitaires majeurs. Les Nations unies, ainsi que l’Union européenne, peuvent, en ces temps pré-électoraux, renforcer leur implication, via la Monusco notamment, afin de mieux protéger les populations dans un contexte électoral capital pour la bonne gouvernance et l’avenir du pays.

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Enfin, comme l’a déclaré le président de la République française, Emmanuel Macron, lors de sa déclaration commune avec le président angolais João Lourenço le 28 mai dernier : « Sur la République démocratique du Congo, nous partageons les mêmes préoccupations et les mêmes volontés. La France viendra en soutien des initiatives qui seront prises par les pays de la région et l’Union africaine qui sont simplement celles de faire appliquer les accords, qui, seuls, permettront une clarification de la situation politique sans aucune complaisance, dans le calme et avec clarté ».

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